Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al Thani, était hier à Alger pour une visite d'une journée. Alger et Doha diffusent presque sur la même longueur d'onde. Malgré les divergences de façade, les deux capitales partagent beaucoup de positions sur la situation politique actuelle du Monde arabe. La visite, hier à Alger, de Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al Thani, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, va dans ce sens. Le responsable qatari, qui a eu des entretiens avec le président Abdelaziz Bouteflika, a abordé plusieurs sujets liés notamment aux dossiers syrien et libyen, à la situation dans la zone sahélo-saharienne et aux relations économiques et commerciales. A l'audience présidentielle de Djenane El Mufti, étaient présents le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, et le ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'Investissement, Cherif Rahmani. Doha qui soutient, avec Riyad, Ankara et Le Caire, l'opposition syrienne, veut mieux coordonner ses actions avec l'Algérie. Alger fait partie du groupe des pays amis de la Syrie, ce qui sous-entend une prise de distance par rapport au régime de Bachar Al Assad qui, depuis presque 18 mois, bombarde les villes syriennes, massacrant la population civile et détruisant l'infrastructure du pays. La nomination du diplomate algérien Lakhdar Brahimi comme médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie a accentué la nécessité, pour le Qatar, de lever toutes les barrières pour un travail coordonné avec l'Algérie. A Doha, on sait que Lakhdar Brahimi consulte Alger pour certaines actions essentielles en faveur d'un règlement réel de la crise syrienne. Reste que les autorités algériennes se sont toujours réservées sur le départ de Bachar Al Assad du pouvoir comme préalable à la solution en Syrie et à l'arrêt de l'effusion de sang. Dans la région maghrébine, les positions marocaine, tunisienne et libyenne sur la Syrie sont moins ambiguës. Lundi à Doha, Moncef Marzouki, président tunisien, a été reçu par l'émir du Qatar, Hamad Bin Khalifa Al Thani, qui l'a rassuré sur la restitution des biens volés par les proches de l'ancien dictateur Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi. La capitale qatarie abrite depuis hier le Forum arabe des biens détournés. Le procureur général du Qatar, Ali Benfatis Al Mariy, a été chargé dernièrement par l'ONU de suivre le dossier des fonds et des biens volés dans les pays arabes et dans d'autres pays. Pour les observateurs, l'Algérie, qui a des rapports assez bons avec Damas, Téhéran, Moscou, Ankara et Wahsington, peut jouer un rôle diplomatique majeur dans le dossier syrien. A Alger, on ne semble pas prêt à assumer cette mission pourtant importante pour un replacement sur l'échiquier géopolitique mondial. Doha, qui apporte un appui financier et logistique ouvert à la transition en Tunisie et en Libye, souhaite que l'Algérie, pays voisin de ces deux Etats, soit plus présente aux côtés de Tripoli et de Tunis. Des appels allant dans le même sens sont déjà venus de Washington, Bruxelles et Paris. Ce n'est pas par hasard qu'avant Alger, Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al Thani, qui figure parmi les 100 personnalités les plus influentes au monde selon le magazine Time, était en France où il a été reçu par le président François Hollande. Les deux responsables ont abordé le dossier syrien. Sur un autre plan, Doha étudie les possibilités d'améliorer sa présence économique en Algérie. Des projets d'investissement dans le secteur de l'acier, des télécommunications, de l'immobilier, du tourisme et de l'énergie sont à développer dans le futur. La bonne entente politique peut aider à booster la coopération économique entre les deux Etats. En novembre 2011, le président Bouteflika avait visité Doha, à la faveur du Forum des pays exportateurs de gaz, pour discuter notamment de cette question de l'augmentation des investissements qataris en Algérie.