Le chômage ne cesse de grimper en zone euro et se rapproche de 12%, du jamais vu, alors que la région est plongée dans une récession plus profonde que prévu qui n'offre aucune perspective d'amélioration dans le secteur de l'emploi. Le taux de chômage a atteint 11,9% de la population active en janvier, contre 11,8% le mois précédent (chiffre révisé), selon les données publiées vendredi par l'office européen de statistiques Eurostat. Ce niveau record signifie que 18,99 millions de personnes étaient sans emploi début 2013 dans les 17 pays de l'Union monétaire. En un mois, 201.000 personnes sont venues grossir les rangs des chômeurs au sein de l'Union monétaire et près de 2 millions en un an (1,90 million). "Ces niveaux sont inacceptables", a déploré vendredi Jonathan Todd, le porte-parole du commissaire européen en charge de l'Emploi, Laszlo Andor, y voyant "une tragédie pour l'Europe". Cette situation risque de peser sur la consommation, un des moteurs de la croissance, "sachant que le pouvoir d'achat est étouffé par des salaires qui ne progressent plus et des politiques d'austérité", estime Howard Archer, économiste pour IHS Global Insight. "Malheureusement, un changement de tendance n'est pas en vue. Même si l'économie de la zone euro sort de récession dans l'année, le marché de l'emploi risque lui de rester déprimé une grande partie de l'année, si ce n'est tout 2013", estime Martin van Vliet, économiste pour la banque ING. Dans ses dernières prévisions économiques publiées la semaine passée, la Commission européenne allait dans le même sens, estimant que le chômage devrait grimper à 12,2% cette année et se stabiliser à 12,1% en 2014. Elle a en outre prévenu qu'un taux de chômage "élevé et persistant porte le risque de devenir structurel en raison de la perte de compétences" des salariés sans emploi. La situation est particulièrement critique en Espagne et en Grèce, deux pays soumis à de rudes cures d'austérité: le taux de chômage s'est établi à 26,2% en janvier en Espagne. En Grèce, où les dernières données disponibles datent du mois de novembre, il s'est élevé à 27%. Dans ces deux pays, les jeunes paient un lourd tribut: environ 59,4% des moins de 25 ans étaient au chômage en Grèce et 55,5% en Espagne en janvier, contre 24,2% dans l'ensemble de la zone euro, soit 3,64 millions de personnes. Pour tenter de remédier à cette situation, les ministres européens de l'Emploi ont adopté jeudi une proposition de la Commission européenne, la "Garantie pour la jeunesse. Il s'agit d'encourager les Etats membres à offrir à tous les jeunes jusqu'à l'âge de 25 ans "un emploi, un complément de formation, un apprentissage ou un stage de qualité". Mais certains ont laissé transparaître leur désarroi. "L'Europe sociale est en panne", ont déploré le Français Michel Sapin et son homologue allemande Ursula von der Leyen, tout mettant en garde contre le risque "de saper la confiance dans la valeur de la construction européenne et des institutions de l'Union". Ils ont invité à "renouer avec une ambition sociale pour l'Europe", alors que la croissance et l'emploi seront au menu du prochain sommet européen qui se tient mi-mars à Bruxelles. Les différences sont toutefois importantes en termes d'emploi au sein de la zone euro: tandis que de nombreux pays sont frappés par un chômage de masse, l'Autriche a enregistré un taux de 4,9% en janvier, l'Allemagne et le Luxembourg de 5,3% et les Pays-Bas de 6%. Dans l'ensemble de l'Union européenne, le chômage a atteint à 10,8% en janvier, ce qui correspond à quelque 26,21 millions de personnes sans emploi début 2013. Pendant ce temps, le chômage s'élevait à 7,9% aux Etats-Unis et s'est établi à 4,2% au Japon où les dernières données disponibles datent de décembre.