Le taux de chômage de la zone euro s'est inscrit en juin à un nouveau niveau record, à 11,2% et pourrait grimper jusqu'à 12% l'an prochain, compte tenu de la dégradation de la conjoncture. Il s'est établi à 11,2% en juin, comme le mois précédent où le chiffre a été révisé à la hausse, a indiqué, hier, l'office européen de statistiques Eurostat. Selon les estimations d'Eurostat, 17,80 millions de personnes étaient au chômage dans la zone euro en juin, soit 123 000 de plus que le mois précédent. Il s'agit du 14e mois consécutif au cours duquel le chômage a atteint ou dépassé le seuil de 10% dans la zone euro. En un an, 2,02 millions de personnes sont venues grossir les rangs de chômeurs au sein de l'Union monétaire. "Sachant que la zone euro risque de voir son économie se contracter au troisième trimestre, la probabilité est importante que le chômage dans la zone euro augmente considérablement dans les mois qui viennent", estime Howard Archer de IHS Global Insight. Pour l'économiste, le taux de chômage risque d'atteindre 11,5% d'ici la fin de l'année, malgré des disparités selon les pays. "Il y a un vrai danger qu'il atteigne 12% en 2013", souligne-t-il. Par conséquent, "la consommation va être faible à court terme du moins, car les consommateurs doivent composer avec des salaires qui n'augmentent pas et des politiques d'austérité mises en place dans de nombreux pays", souligne Jennifer Mc Kweon de Capital Economics. Au sein de la zone euro, les taux de chômage les plus élevés ont été enregistrés en Espagne (24,8%), qui reste de loin le mauvais élève européen en la matière, et en Grèce, dont les dernières données disponibles datent d'avril, le chômage s'est élevé à 22,5%. Dans ces deux pays, le chômage touche plus d'un jeune sur deux, soit 52,8% des moins de 25 ans en Grèce et 52,7% en Espagne. Les taux les plus bas sont enregistrés en Autriche (4,5%), aux Pays-Bas (5,1%), en Allemagne et au Luxembourg (5,4% chacun). "Sans surprise, le marché du travail dans les pays de la périphérie est resté faible, en Espagne et au Portugal notamment où le taux de chômage a atteint 15,4% de la population active", souligne l'analyste de Capital Economics. Le chômage a également grimpé en France à 10,2% en juin et il est reparti à la hausse en juillet en Allemagne, a annoncé, hier, l'Agence allemande pour l'emploi, signe que l'incertitude économique qui règne en zone euro commence à se faire sentir sur le marché de l'emploi: le taux de chômage brut est reparti à la hausse à 6,8% contre 6,6% en juin. Dans l'ensemble de l'Union européenne, le taux de chômage a atteint 10,4% en juin, comme en mai. Il s'agit là encore d'un niveau record. L'inflation reste stable en juillet à 2,4% L'inflation est restée inchangée en juillet dans la zone euro, à 2,4% sur un an, a indiqué, hier, l'office européen de statistiques Eurostat dans sa première estimation. Elle dépasse pour le 20e mois consécutif le seuil de 2% visé par la Banque centrale européenne (BCE), chargée de veiller à la stabilité des prix. Mais elle a nettement ralenti depuis le début de l'année.Les prix de l'énergie devraient continuer à baisser et l'inflation de base devrait ralentir en raison de l'aggravation de la récession, estime Jennifer Mc Kweon de Capital Economics. Dans le détail, l'inflation a fortement ralenti en Italie à 3%, principalement en raison de la baisse récente des prix du carburant, ce qui était inattendu. Elle est légèrement repartie à la hausse en Belgique (2,32%) et en Espagne (2,2%), mais reste loin de ses pics. En dépit d'un niveau encore élevé, l'inflation préoccupe moins la BCE que les développements de la crise de l'euro. L'institut monétaire a ainsi abaissé début juillet son principal taux directeur à son plus bas niveau historique (0,75%), dans une tentative de doper l'économie de la zone euro, engluée dans la crise de la dette. Pour de nombreux économistes, elle ne devrait pas s'arrêter là et pourrait encore abaisser son principal taux directeur d'un quart de point dans l'année. Une telle décision n'est pas attendue dans l'immédiat. Nous n'attendons pas de baisse du taux de la BCE dès le mois d'août, mais nous estimons que cela est probable en septembre ou octobre, affirme Howard Archer, chef économiste Europe pour IHS Global Insight. La réunion du conseil des gouverneurs jeudi est très attendue après les déclarations la semaine dernière du président de la BCE, Mario Draghi. La BCE est prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l'euro, avait déclaré M. Draghi, contribuant immédiatement au relâchement des taux d'emprunt espagnols et italiens. Il avait laissé entendre que cela pourrait passer par une intervention sur le marché obligataire. Les chiffres définitifs de l'inflation seront publiés le 16 août.