En grève depuis le 25 janvier, les travailleurs de la cimenterie d'Oggaz, du groupe Lafarge, sont décidés à poursuivre leur mouvement jusqu'à satisfaction de leurs revendications, à savoir le départ du directeur des ressources humaines, la révision du règlement intérieur, la levée des pressions que leur fait subir la direction et des sanctions arbitraires, et détailler le salaire par poste. Les travailleurs que nous avons rencontrés, parmi eux de jeunes ingénieurs, affirment que «les responsables de cette usine veulent réduire l'effectif, qui compte actuellement 581 salariés. Ils le considèrent comme pléthorique et veulent le réduire à une fourchette entre 160 à 200 employés. Lorsque la cimenterie était gérée par Orascom, nous étions 832 travailleurs. L'ancien propriétaire projetait même l'augmentation des effectifs». Concernant la production, nos interlocuteurs affirment qu'en 2012, l'objectif a été dépassé : «Nous avons été au-delà de la capacité de production qui était de l'ordre de deux millions cinq cent mille tonnes par an, alors que nous, nous avions produit trois millions cent mille tonnes de ciment gris en 2012. La société nous a accordé une prime équivalent à deux mois de salaire, alors qu'en 2011, nous avions produit deux millions huit cent quatre-vingt mille tonnes, et nous avions bénéficié d'une prime équivalent à trois mois de salaire», affirment-ils ajoutant que c'est l'une des principales causes qui les a poussés à déclencher la grève. «Quand nous avions produit plus, nous avions bénéficié de deux mois de salaire seulement, ce qui veut dire qu'on nous encourage à produire moins», indiquent les employés, qui se demandent pourquoi la production de ciment blanc n'est pas prise en considération dans le calcul du bénéfice. «C'est nous qui produisons le ciment blanc, pourquoi prendre en compte uniquement la production du ciment gris et pourquoi importer du klinker de Grèce et d'Espagne alors que cette matière existe chez nous en quantité et de meilleure qualité ?» Selon nos interlocuteurs, le klinker qui est extrait du gisement qui se trouve à proximité de l'usine est d'une qualité meilleure que celui importé, du fait que sur les 150 tonnes de klinker local, on n'ajoute que 35 tonnes de cette matière importée. Ce qui veut tout simplement dire que le nôtre est de meilleure qualité. Pourquoi donc importer ?», se demande un ingénieur du laboratoire de cette cimenterie. L'ensemble des travailleurs s'est plaint du comportement d'un ressortissant français, responsable au sein de l'entreprise. Il s'est déplacé, hier matin, à l'usine pour enlever les banderoles fixées sur le portail et a même tenté de retirer l'emblème national, ce qui a provoqué le courroux des grévistes. En se retirant, il n'a pas manqué de leur faire un bras d'honneur. «Mercredi passé, c'est un autre responsable français qui nous a également offensé. Nous lui avons demandé de respecter la loi algérienne, il nous a rétorqué que les lois algériennes sont de la m…. Ces propos vexants nous ont poussé à déposer plainte contre lui auprès de la brigade de gendarmerie d'Oggaz», affirment les grévistes. Pour ce qui est des négociations, un représentant des grévistes nous a déclaré que toutes les tentatives ont échoué, l'inspecteur du travail, un représentant du wali et un représentant de l'UGTA, se sont déplacés pour trouver un terrain d'entente, en vain. Pour connaître l'avis des responsables de la cimenterie sur les griefs énoncés par les travailleurs, nous avons tenté, vainement de les rencontrer, au motif qu'ils étaient absents. Ce mouvement des travailleurs, même si de prime abord est motivé par des considérations socioprofessionnelles, l'importation de klinker et la non-prise en considération de la production de ciment gris dans le calcul de la prime de bénéfice restent des énigmes que les pouvoirs publics se doivent d'élucider.