Le nouveau président chinois Xi Jinping a appelé dimanche à "une grande renaissance de la nation chinoise" et à une amélioration de la capacité de l'armée à "remporter des combats", dans son premier discours solennel en tant que chef de l'Etat. M. Xi, 59 ans, s'exprimait au jour de clôture de la convocation annuelle du Parlement, qui cette semaine a permis de parachever une transition au pouvoir prévue depuis des années. Le pays le plus peuplé du monde est désormais dirigé par une équipe rajeunie pour les dix ans à venir. Nous allons "continuer à nous battre pour la cause du socialisme aux couleurs de la Chine et pour réaliser le rêve d'une grande renaissance de la nation chinoise", a dit le plus haut dirigeant de la deuxième puissance mondiale, devant les délégués de l'Assemblée nationale populaire (ANP). "Tous les soldats et officiers de l'Armée populaire et de la police militaire chinoises doivent, guidés par le Parti, être capables de remporter des combats et avoir l'objectif d'une armée forte et disciplinée", a également déclaré le numéro un du Parti communiste chinois (PCC). Alors que les relations entre Pékin et Tokyo sont très tendues en raison d'une dispute de souveraineté sur un archipel en mer de Chine orientale, l'Armée populaire de libération doit "améliorer ses capacités à remplir ses missions, défendre résolument la souveraineté et la sécurité nationales, ainsi que les intérêts servant le développement du pays", a insisté M. Xi. Durant cette session parlementaire de 12 jours, dans l'imposant Grand palais du peuple au cœur de Pékin, Xi Jinping a été choisi pour présider après Hu Jintao la République populaire, tandis que le numéro deux du PCC, Li Keqiang, a été désigné chef du gouvernement. Ce dernier, juste après le discours de Xi Jinping, a donné sa première conférence de presse, le rendez-vous annuel de tout Premier ministre chinois, où les questions des journalistes choisis sont souvent servies sur un plateau. Ce technocrate de 57 ans s'est tiré de l'exercice avec le sourire facile mais en ayant fréquemment recours à la langue de bois en usage chez les dirigeants du régime communiste. Durant une heure et quarante-cinq minutes, il a pour l'essentiel réaffirmé les orientations fixées par son prédécesseur Wen Jiabao. Il a notamment souligné la nécessité de distribuer plus équitablement les bénéfices de la croissance et de lutter sans relâche contre la corruption, un fléau national à tous les niveaux du parti unique et de l'administration. Il a aussi indiqué qu'une réforme attendue du très critiqué système de rééducation par le travail, qui permet d'enfermer une personne jusqu'à quatre ans sans procès, était à l'étude et devrait être annoncée cette année, mais il n'a livré aucun détail. Washington profère des "accusations infondées" en mettant en cause Pékin dans les récentes attaques informatiques visant les Etats-Unis, a par ailleurs assuré le nouveau Premier ministre chinois. "La Chine est elle-même une victime majeure d'attaques informatiques. La Chine ne soutient pas les attaques informatiques. De fait, nous nous opposons à de tels agissements", a déclaré M. Li. "Nous devons nous garder d'accusations réciproques infondées". Le nouveau chef du gouvernement, qui répondait à un journaliste étranger, a dit "sentir une présomption de culpabilité" dans la question posée. A part cette phrase, il a répété mot pour mot la ligne classique de défense des autorités chinoises sur la question du piratage informatique. Le président américain Barack Obama a directement mis en garde mercredi les autorités chinoises contre le phénomène croissant des attaques informatiques visant les Etats-Unis, promettant des conversations "musclées" avec Pékin. C'était la première fois que le président Obama montait au créneau de façon aussi nette.