Perte de nos valeurs sociales, détérioration du système éducatif, influence de la parabole et de ses ramifications sur le net du style «Harlem Shake Dance», laisser-aller des services de sécurité… autant d'arguments avancés pour expliquer un phénomène dangereusement galopant, les enlèvements d'enfants. Des arguments qui justifieraient aisément une exigence islamiste qualifiée de «revendication populaire» pour la «reprise» de la peine de mort abandonnée par l'Algérie dans les années 1990 pour prouver sa conformité avec les pactes internationaux relatifs aux droits de l'homme qu'elle a ratifiés. Si les kidnappings d'enfants, actes condamnables à tout moment, «s'imposent» aujourd'hui comme «fléaux étrangers» à nos valeurs par les issues tragiques auxquelles ils aboutissent (crimes, abus sexuels…), c'est qu'il y a beaucoup de choses qui ne tournent pas rond dans une société qui se cherche encore, cinquante ans après son indépendance. Une pétition circule, actuellement, sur le web interpellant les pouvoirs publics afin d'agir. Agir pour mettre fin à cette «incurie» par notamment la mise en place, comme cela se fait ailleurs «d'un dispositif alerte enlèvement» à la télévision algérienne et sur les radios nationales et locales», ainsi que l'établissement d'un «ficher national des pédophiles dans les dossiers de police». Une demande on ne peut mieux justifiée en attendant «le durcissement» des lois à l'encontre des «violeurs» que réclame aujourd'hui la quasi-totalité des Algériens. Même si le nombre de 11 enfants, «enlevés et victimes d'abus sexuels puis assassinés», avancé hier par le directeur de la police judiciaire auprès de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), Abdelkader Kara Bouhadba, semble dérisoire, il n'en demeure pas moins que les enlèvements enregistrés ces derniers jours renseignent sur l'ampleur du phénomène qu'on ne peut confiner dans le simple registre de «représailles», comme le sous-entend le responsable de la DGSN qui écarte l'existence de «bandes criminelles». Les gosses, selon lui, sont enlevés généralement «par les membres de leur famille». L'approche «sérieuse et rigoureuse» que recommande Kara Bouhadba nécessite toutefois l'implication de tous y compris le citoyen lambda appelé désormais à être «plus vigilant» que jamais et «collaborer» avec les services de sécurité dont le renforcement des mesures est plus que recommandé. Les «évènements» de Constantine au lendemain de l'assassinat de Haroun et Brahim, des émeutes du «désespoir», doivent donner à réfléchir aux pouvoirs publics dont la mission première est d'assurer la sécurité du citoyen.