Afin de diminuer «la trop forte dépendance» des exportations des hydrocarbures, «les pouvoirs publics ont défini trois secteurs qui peuvent assurer une forte contribution à la diversification de l'économie nationale», a noté hier à Alger le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa. Les trois secteurs sont l'agriculture, les industries agroalimentaires et le tourisme, retenus pour bénéficier d'apports du programme d'appui à la diversification de l'économie en Algérie (Diveco1), qui sera concrétisé entre 2013 et 2015, a annoncé le ministre lors du séminaire de présentation du programme. La dépendance au secteur des hydrocarbures est un «risque» qu'il faudra minimiser, a insisté M. Benaïssa, relevant que ce secteur fournit 98 % des rentrées en devises et contribue à hauteur de 40% au PIB. Pour renforcer la diversification et la croissance économique et augmenter les exportations hors hydrocarbures, le programme d'assistance technique Diveco1, financé par l'Union européenne, a prévu d'améliorer les performances économiques de l'agriculture, de l'industrie agroalimentaire et du tourisme qui contribuent respectivement, en moyenne, à 9%, 3% et 1,5% au PIB. La sélection des trois secteurs tient compte du potentiel de développement et des effets sur la croissance ainsi que de leur impact sur les revenus et sur l'emploi, selon Foued Chehat, directeur de l'Institut national de recherches agronomiques (INRA) et directeur du programme Diveco1. Ce programme est doté d'une enveloppe de 20 millions d'euros, 17,5 millions d'euros financés par l'Union Européenne et 2,5 millions d'euros par l'Etat algérien. Après la signature de la convention entre l'Algérie et l'UE en décembre 2009, le programme n'a commencé à prendre forme qu'en 2011 avec l'installation de l'unité technique qui a permis l'engagement de l'expertise à court terme pour définir les actes à entreprendre. La deuxième étape du programme, engagée en 2012, consistait à préparer les cahiers des charges, lancer les appels d'offres et choisir enfin les fournisseurs qui ont présenté les meilleures offres (moins disant), a ajouté M. Chehat. Dans un souci d'efficacité, les deux parties ont convenu «d'aller au détail près afin de définir les besoins en moyens humains, en expertise et en moyens matériels», a-t-il indiqué. Vers un meilleur contrôle des fonds de l'Etat La concrétisation des actions retenues s'étalera entre 2013 et mars 2015 et a trait notamment à la réalisation d'une évaluation précise des coûts et des potentiels de production selon les régions dans les trois filières, céréales, lait et pomme de terre, et à la conception d'un système amélioré de suivi-évaluation au profit de la Direction de programmation des investissements et études économiques (DPIEE) du ministère de l'Agriculture en vue d'une supervision efficace des ressources allouées au secteur agricole. M. Chehat parlera aussi de l'appui à la Direction de la protection des végétaux et des contrôles techniques (DPVCT) en matière réglementaire pour la sécurité phytosanitaire et la constitution de trois bases de données pour les pesticides, la surveillance du territoire pour la lutte contre les parasites des végétaux. Le programme a prévu, également, des formations au profit des ressources humaines du ministère et des instituts techniques du secteur en matière de labellisation, certification et traçabilité des produits agricoles. En somme, 600 cadres seront formés. Le programme Diveco1 sera axé aussi sur des actions visant la promotion et la valorisation des filières stratégiques en plus de l'appui pour la réalisation de l'étude de faisabilité et la fourniture de l'appui matériel pour la création d'un Centre technique dédié au conditionnement et à l'emballage à Boumerdès. Le programme vise donc à améliorer la sécurité alimentaire car l'approvisionnement par l'importation de denrées alimentaires «pèse lourdement sur la politique de sécurité alimentaire», surtout que 50 % des produits alimentaires consommés sont importés. Le groupe des «biens alimentaires occupe une part de 19,19% du volume global des importations de l'Algérie en 2012. Renforcement des capacités d'accueil d'ici 2015 Pour le tourisme, le programme a pour objectif notamment d'appuyer et de renforcer les capacités du ministère du Tourisme et de l'Artisanat, le développement du Plan qualité tourisme (PQT) et de promouvoir l'image de la destination Algérie. Selon le ministre du Tourisme, Mohamed Benmeradi, l'Algérie recèle des potentialités naturelles importantes mais la difficulté réside dans leur transformation en atouts compétitifs. L'Algérie renforcera ses capacités d'accueil de 50 000 lits d'ici 2015, a annoncé le ministre, ajoutant que les investissements privés dans le secteur s'élèvent à 230 milliards DA alors que l'Etat a dégagé une enveloppe de 70 milliards DA pour réhabiliter 60 infrastructures hôtelières. Sollicité pour évaluer l'impact de l'acte terroriste, perpétré en janvier dernier à Tiguentourine (Illizi), M. Benmeradi a indiqué que l'attentat n'a pas empêché les agences de tourisme à poursuivre leur activité car ils n'ont pas annulé leurs réservations. Même si la menace sécuritaire est «réelle», «la situation sécuritaire au sud n'est pas plus mauvaise que dans les autres pays», a-t-il soutenu. Par ailleurs, un deuxième programme (Diveco2) sera lancé pour la période 2015-2017 au profit des filières de la pêche et de l'aquaculture.