Dans moins d'une semaine, l'affaire de la banque Khalifa, qui sera rejugée mardi au tribunal criminel près la cour de Blida, sera sans doute l'événement phare de l'actualité. D'ores et déjà, les médias semblent accorder un grand intérêt à ce procès dont le dernier élément d'information rapporté par un site électronique concerne la délivrance de mandats de dépôt par le juge chargé de cette affaire à l'encontre de tous les accusés actuellement en liberté. Cette information a été catégoriquement démentie par Me Miloud Brahimi, contacté hier, un des avocats de la défense. «C'est faux. Le juge chargé de l'affaire Khalifa n'est pas habilité par la loi pour agir de la sorte. Il n'a donc aucun droit de délivrer des mandats de dépôt à l'encontre des accusés», a-t-il souligné. Il enchaîne en mettant en exergue le fait que les individus poursuivis dans cette affaire se scindent en deux catégories. «Une première partie des mis en cause est poursuivie pour crime, tandis que la seconde est accusée de délit». Notre interlocuteur ajoute que «les personnes poursuivis pour crime feront l'objet d'une prise de corps. Autrement dit, les concernés devront se constituer prisonniers pour se présenter en tant que tel le jour du procès, soit le 2 avril. Les individus accusés de délit comparaîtront librement au même procès, a encore indiqué notre interlocuteur qui s'est dit dans l'incapacité de préciser le nombre d'accusés de crime et ceux poursuivis pour délit. 75 accusés et quelque 300 témoins ont déjà été convoqués par le tribunal criminel de la cour de Blida pour un second procès de l'affaire Khalifa, un des plus grands scandales financiers en Algérie, dont le préjudice causé au Trésor public s'élève à plus de 700 milliards de centimes. Le premier procès qui s'est tenu en mars 2007 dans l'enceinte du même tribunal s'est achevé par la prononciation de verdicts pour 94 accusés présents dans la salle d'audience. Il était question de peines allant jusqu'à 20 ans de prison ferme, ainsi qu'une cinquantaine de relaxes. Janvier 2012, les 78 pourvois en cassation introduits par le ministère public et la défense auprès de la Cour suprême ont été acceptés par cette institution qui a de surcroît annoncé que l'affaire Khalifa sera rejugée. Soulignons également que le principal accusé, Abdelmoumen Rafik Khalifa, qui s'était réfugié à Londres, a été arrêté par la justice britannique en 2007, suite à un mandat d'arrêt européen délivré par la France.
Rafik Khalifa sera-t-il extradé ? En 2009, la justice britannique avait autorisé son extradition vers l'Algérie, mais son avocat avait indiqué qu'il ferait appel. Abdelmoumen Rafik Khalifa, connu sous le pseudonyme de Golden boy, a été, pour rappel, condamné à l'issue du procès de mars 2007 à la prison à perpétuité pour les chefs d'inculpation d'«Association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance et falsification de documents officiels». De l'avis de Me Miloud Brahimi, le maintien en détention de Rafik Khalifa dans une prison de Grande-Bretagne relève d'une anomalie incompréhensible. «Je ne comprends pas pourquoi les Anglais maintiennent Rafik Khalifa sous écrou, alors qu'il est dans une situation ‘extraditionnelle'. Son emprisonnement qui dure depuis des années relève aujourd'hui d'une atteinte aux droits de l'homme», affirme Me Brahimi qui ajoute que le concerné «ne sera jamais extradé vers l'Algérie».