Considérée comme l'un des plus grands scandales financiers qui a secoué l'Algérie ces dernières années, l'affaire de la Banque Khalifa déjà jugée en 2007 par le tribunal criminel de Blida occupe de nouveau les devants de l'actualité. L'élément de rebondissement porte sur l'acceptation, jeudi, par la Cour suprême du double pourvoi en cassation introduit par les défenses et le ministère public. Cette décision en vertu de laquelle l'affaire sera de nouveau rejugée a été annoncée à l'APS par deux avocats de la défense, Mes Miloud Brahimi et Khaled Bourayou. Ces derniers ont toutefois précisé que le tribunal criminel près la cour de justice de Blida n'a pas encore fixé la date de ce nouveau procès. Il s'agit d'une affaire dans laquelle sont impliqués quelque 104 individus qui ont tous comparus lors du procès qui s'est tenu en 2007 dans l'enceinte du même tribunal criminel de Blida. Ces prévenus étaient poursuivis notamment pour association de malfaiteurs, vols qualifiés, détournements de fonds, corruption, escroquerie et falsifications de documents administratifs et bancaires. C'est pour ces mêmes griefs qu'Abdelmoumen Rafik Khalifa, le patron de la banque qui porte son nom, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par le tribunal de Blida qui l'avait jugé par contumace. Comme lui, tous les autres prévenus à l'encontre de qui le verdict a été prononcé en contumace ne seront pas rejugés lors de la tenue de ce nouveau procès. En revanche, les personnes acquittées lors du procès tenu il y a presque 5 ans de cela à Blida seront rappelées à la barre pour répondre des mêmes chefs d'inculpation. De lourdes peines d'emprisonnement ont été, pour rappel, prononcées lors du procès de 2007, qui s'était déroulé dans des conditions houleuses, mais qui a cependant laissé sur leur faim nombre d'observateurs qui s'attendaient à des révélations fracassantes sur l'implication de hauts responsables dans ce qui a été désigné à l'époque de «scandale de siècle», à savoir la faillite frauduleuse de la Banque Khalifa. Outre la condamnation à perpétuité de Abdelmoumen Khalifa, le tribunal criminel de Blida avait également prononcé une peine de 20 de prison ferme contre l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Abdelwahab Keramane, et cinq autres inculpés tous en fuite. Une peine de 10 ans de prison ferme a été prononcée à l'encontre de la représentante de Khalifa Airways à Milan, (Italie), la dénommée Yasmine Keramane. La même sentence a été également infligée à son père Abdenour qui avait occupé anciennement le poste de ministre de l'Industrie. D'autres peines d'une année à 15 ans de prison ferme assorties de fortes amendes ont été également prononcées contre une quarantaine d'accusés lors du procès de 2007, alors qu'une cinquantaine d'autres ont bénéficié de l'acquittement. Où sera rejugée l'affaire ? En plus du fait que la date du nouveau procès de l'affaire de la faillite frauduleuse de la Banque Khalifa n'est pas encore fixée, aucune indication n'a été formulée jusque-là concernant le tribunal où cette affaire sera traitée. Un des avocats de la défense, en l'occurrence Farouk Ksentini, le président de la CNPPDH, a évoqué jeudi à Alger la possibilité «de changement de juridiction», sans toutefois fournir davantage de détails. Sur un autre volet, rappelant que Abdelmoumen Khalifa est toujours réfugié en Grande-Bretagne où il a été arrêté en mars 2007 dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen délivré par le tribunal de grande instance de Nanterre, près de Paris. De leur côté, les autorités judiciaires algériennes ont formulé une demande d'extradition vers l'Algérie, qui a été acceptée par la justice britannique en juin 2009. Néanmoins, l'extradition de l'ex-golden-boy algérien vers l'Algérie est tributaire des résultats de l'examen du recours que sa défense a introduit en 2011 devant la High Court britannique.