La commission nationale chargée de déterminer le prix de la baguette de pain devait finaliser son enquête hier, a-t-on appris auprès du président de la Fédération nationale des boulangers, Youcef Kalafat. L'enquête demandée par le gouvernement pour définir le prix de revient du pain a été réalisée au niveau de quatre boulangeries réparties à travers Alger, Oran, Constantine et Béchar. Cette commission, qui devait achever hier ses travaux, transmettra ses résultats au ministre du Commerce qui les remettra au gouvernement. Et c'est lors d'un conseil ministériel que seront étudiés les résultats de cette enquête avant de prendre les mesures nécessaires pour permettre aux boulangers de réaliser une marge bénéficiaire conforme à leurs aspirations. Les négociations entre le ministère du Commerce et la Fédération nationale des boulangers au sujet des problèmes de la corporation s'achèveront d'ici la fin du mois. Le dossier est à sa dernière phase, a annoncé M. Kalafat. Les boulangers ont réclamé une marge bénéficiaire de 20% qu'ils pourront réaliser grâce au soutien des charges que pourra accorder l'Etat. Actuellement, «les boulangers ne réalisent pas de marge bénéficiaire», a déploré M. Kalafat. La fédération, affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a proposé un prix de vente de la farine aux boulangers à 1500 DA au lieu de 2000 DA actuellement. Pour éviter les tentatives de spéculations et de détournement de la farine subventionnée au profit des pâtissiers et de pizzerias, la fédération a proposé il y a trois semaines au ministère du Commerce de demander aux minoteries de produire une farine noire qui sera destinée exclusivement à la production du pain. Le ministère a inscrit cette proposition mais n'a pas encore pris de décision. Les boulangers ne s'opposent pas au maintien d'un prix de la baguette à 8,5 DA, mais tiennent à leur droit de réaliser des bénéfices à l'instar des autres commerces. Pour M.Kalafat, le gouvernement pourra décider aussi de prévoir une tarification d'électricité et de gaz spécifique pour la corporation, en lui installant des compteurs spéciaux, comme c'est le cas pour les agriculteurs. Il est possible aussi de réviser à la baisse les charges fiscales et parafiscales, a-t-il avancé, ajoutant qu'une panoplie de mesures pourrait être décidée par le gouvernement pour sortir de l'impasse et permettre aux boulangers de maintenir leur activité. Une commission mixte pour trancher Le président de la fédération a expliqué que le gouvernement a décidé de faire appel à une commission composée de plusieurs représentants pour trancher la question du prix du pain. La commission regroupe un représentant des ministères du Commerce, des Finances, de l'Agriculture, de l'Union nationale des boulangers (UNB), de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et du groupe industriel Eriad (Entreprise des industries alimentaires, céréalières et dérivés), de l'association nationale de protection des consommateurs et a effectué son enquête pour évaluer le coût réel de la baguette de pain et trancher cette question sur laquelle le ministère du Commerce et la Fédération des boulangers ne se sont pas entendus. Le ministère du Commerce a réalisé son enquête qui a abouti à un prix de 8 DA la baguette alors que la fédération a conclu que le prix d'une baguette est de 9,85 DA. La différence entre les deux enquêtes, note M. Kalafat, s'explique par l'ignorance par le ministère du Commerce de certaines charges prises en considération par la fédération. En attendant les mesures qui seront prises par le gouvernement, les 21 400 boulangers n'envisagent pas de recourir à la grève, même si 70% parmi eux qui fabriquent uniquement du pain souhaitent voir leur situation s'améliorer d'ici peu, sans revoir à la hausse le prix du pain, fixé à 7,5 DA pour l'ordinaire et 8,5 DA pour l'amélioré depuis 1996. Le ministère du Commerce favorable De son côté, le ministère du commerce a affirmé hier qu'il accorde au règlement des problèmes des boulangers, dont celui du prix du pain, «une grande importance». Le chargé de communication du ministère, M. A. Tifour, a déclaré à l'APS que la commission informera sitôt ses travaux terminés tous les concernés sur ses conclusions, précisant que «le ministère veut trouver les solutions aux problèmes des boulangers». Par ailleurs, les boulangers attendent la mise en œuvre du projet d'équiper les boulangeries en groupes électrogènes. Le gouvernement avait décidé, il y a six mois, d'accorder un crédit bonifié d'un million de DA aux boulangers pour s'équiper en groupes électrogènes, mais la Badr a exigé d'eux le payement d'un taux d'intérêt de 7%, ce que n'a pas prévu le gouvernement. La banque a signifié aux boulangers qu'elle n'a reçu aucune note à ce sujet, d'où sa décision de maintenir un taux d'intérêt de 7%. La fédération a signé, par ailleurs, une convention avec une entreprise d'équipements de matériels pour équiper les boulangers. Un crédit sans intérêts, remboursable sur quatre années, sera accordé aux boulangers. Ces derniers ont commencé à constituer leurs dossiers et devront verser 20% du prix du matériel pour ainsi renouveler leurs équipements.