Les ministres de l'Intérieur des pays de la Méditerranée occidentale (CIMO) se sont engagés mardi à Alger d'œuvrer pour une approche "globale" de la lutte antiterroriste, fondée sur l'Etat de droit, la justice sociale, la lutte contre la pauvreté, la prévention et le règlement des conflits. Les pays de la CIMO (Algérie, Mauritanie, Libye, Maroc et Tunisie ainsi que la France, Italie, Espagne, Malte et Portugal) ont décidé également d'intensifier la coopération en matière de sécurisation des frontières, selon la Déclaration d'Alger rendue publique à l'issue des travaux de la rencontre. Cette coopération doit se faire à travers les échanges d'expertises, d'expériences, d'informations, d'analyse et d'évaluation ainsi que la tenue de réunions entre les points de contact et les experts. Il s'agit, aussi, de l'organisation de cycles de formation spécialisée, l'assistance réciproque dans les domaines techniques, le transfert de technologies et la modernisation des systèmes de contrôle et de la sécurité des documents de voyage. Les ministres de l'Intérieur des pays de la CIMO ont décidé aussi de renforcer davantage l'échange d'informations, en rapport avec des activités terroristes entre les services de sécurité et les forces de police compétents dans le respect de la législation et la réglementation nationales. La poursuite de la lutte contre la radicalisation, notamment à la lumière des travaux menés dans les différentes enceintes de coopération auxquelles participent les pays de la CIMO figure, également, dans la Déclaration d'Alger. Les pays de la CIMO ont décidé aussi d'unir leurs efforts en vue de lutter contre la cybercriminalité en tant que vecteur du terrorisme, dans le but de prévenir et d'empêcher l'utilisation à des fins terroristes, des nouvelles technologies d'information et de communication. Ils ont plaidé pour le renforcement de la coopération dans le domaine de la lutte contre le financement et le soutien logistique aux organisations terroristes. Ils ont décidé aussi de "s'interdire autant que possible, et en ce qui concerne les compétences des ministres de l'Intérieur, le paiement de rançons aux groupes terroristes, lors des prises d'otages, afin de tarir les sources de financement du terrorisme". Les Etats membres de la CIMO ont mis l'accent sur le renforcement de la coopération afin de prévenir les menaces d'origine chimique, biologique, radiologique, nucléaire et explosives, de lutter efficacement contre le trafic illicite des matières sensibles et d'atténuer les risques de terrorisme, liés à l'utilisation d'armes de destruction massive. Ils se sont engagés à interdire sur la base des instruments juridiques pertinents des Nations unies et des législations nationales, de donner refuge aux terroristes. La CIMO a souligné la nécessité d'intensifier les efforts pour empêcher l'usage des médias électroniques, sans porter préjudice à la liberté d'expression, en particulier, ceux liés aux nouvelles technologies, pour faire l'apologie du terrorisme. Les 5+5 déterminés à lutter contre le crime organisé Les pays de la CIMO ont réaffirmé leur détermination à renforcer leur coopération pour prévenir et combattre le crime organisé, sous toutes ses formes, en décidant l'adoption d'actions de coopération entre les organes de sécurité, en matière de prévention et de répression des activités liées au crime organisé. Ils ont décidé la mutualisation des ressources, en vue de la lutte contre la criminalité transfrontalière, notamment par le biais de l'organisation de patrouilles mixtes au niveau des frontières, la réalisation d'enquêtes conjointes et l'échange d'officiers de liaison. L'échange d'informations sur les activités et les mouvements des éléments et des réseaux et filières de la criminalité organisée, le renforcement de la coopération pour la lutte contre la traite des êtres humains notamment des femmes et des enfants figurent dans la Déclaration d'Alger. Les 5+5 ont souligné l'impératif de poursuivre la lutte contre le trafic illicite de drogue, des substances psychotropes et des produits précurseurs par le renforcement des capacités des Etats membres de la CIMO, en particulier en matière de contrôle aux frontières maritimes, terrestres et aériennes. Ils ont prévu d'intensifier la lutte contre le trafic illicite d'armes, de munitions, d'explosifs et d'autres matières sensibles ainsi que de poursuivre la lutte contre le phénomène du trafic et la contrefaçon de biens culturels et d'œuvres d'art. La question migratoire traitée dans le cadre d'une approche concertée Les pays membres de la CIMO ont réaffirmé leur conviction de la nécessité du traitement de la question migratoire dans le cadre d'une approche globale, concertée et équilibrée. Ils se sont engagés à garantir les droits légitimes des migrants légaux, conformément aux chartes et traités internationaux et décidé d'appuyer les efforts de développement dans les pays de la rive Sud, notamment, par l'encouragement et l'incitation à l'investissement et par la facilitation des transferts d'argent des migrants vers leur pays d'origine. La Déclaration d'Alger a prévu de renforcer la lutte contre les réseaux liés aux migrations irrégulières à travers l'échange d'informations utiles sur leur mode opératoire et la coopération bilatérale en matière de réadmission, afin d'assurer un meilleur contrôle aux frontières. Ils se sont engagés aussi à faciliter les procédures de délivrance des visas au profit des ressortissants des pays des deux rives, dans le respect des législations nationales, des accords bilatéraux et des traités internationaux. Coopération accrue dans le domaine de la Protection civile Les ministres de l'Intérieur ont réaffirmé leur engagement de consolider la coopération entre les services de la protection civile pour faire face à la multiplicité et à l'ampleur des catastrophes naturelles et d'origine humaine qui pèsent sur la région (tremblements de terres, inondations, feux de forêt). Ils ont convenu, à cet effet, de l'intensification de connaissances mutuelles, la formation ainsi que le transfert d'expertise et de savoir faire et la mise en place d'une stratégie commune pour la réduction des risques et la gestion des catastrophes naturelles et d'origine humaine. Ils ont prévu l'organisation d'exercices communs de simulation visant à développer la mutualisation des moyens et la cohésion opérationnelle. Coopération décentralisée dans le domaine des Collectivités locales Les pays membres de la CIMO ont souligné l'importance de la coopération décentralisée en tant que facteur d'échange et de développement des deux rives de la Méditerranée. Ils se sont ainsi engagés à encourager la coopération décentralisée transfrontalière dans le respect des spécificités nationales et à promouvoir l'échange d'expériences et de bonnes pratiques dans les différents modes de gestion des villes visant à renforcer davantage le développement durable. Ils se sont entendus pour développer toute action de partenariat entre les collectivités locales des pays de la CIMO dans le respect de la législation nationale et pour partager les expériences dans la gestion des moyens locaux à travers l'organisation de sessions de formation.