Le représentant du Front Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari, a salué mardi le nouveau rapport du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, sur le Sahara occidental tout en soulignant que ce document est ‘'timide'' en raison de l'impact des ‘'intimidations pratiquées par le Maroc''. 'Le rapport est équilibré mais timide reflétant l'impact de la tactique de la diversion et des intimidations pratiquées par le Maroc pour saper les efforts de l'ONU à résoudre la question du Sahara occidental occupé'', a déclaré à l'APS le représentant sahraoui en réaction à la publication du rapport qui sera soumis prochainement au Conseil de sécurité. Néanmoins, a-t-il poursuivi, le rapport du chef de l'ONU ‘'contient des éléments forts pour convaincre le Conseil de sécurité à prendre les mesures nécessaires en vue de la mise en place d'un mécanisme permanent pour surveiller la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental, qui a été sérieusement aggravée par un certain nombre d'événements comme indiqué dans le document''. Le Front Polisario, et comme le soulignent un grand nombre d'organisations internationales des droits de l'Homme, ‘'continuent à croire que la MINURSO est le meilleur cadre et le plus approprié pour assurer cette mission de surveillance des droits de l'Homme, et nous avons exprimé notre volonté de travailler dans ce sens avec les organismes des Nations Unies aux droits de l'Homme‘', a soutenu Boukhari. En prenant éventuellement cette mesure, a-t-il expliqué, le Conseil de sécurité doterait la MINURSO des mêmes outils qui sont inclus dans le mandat de toutes les missions de maintien de la paix des Nations Unies mises en place depuis 1978'', selon lui. Dans ce sens, il a observé que les rapporteurs spéciaux, comme indiqué d'ailleurs par le Secrétaire général de l'ONU lui-même, ‘'ne sont pas une alternative valable à un mécanisme permanent de surveillance des droits de l'Homme.'' Abordant la question fondamentale du droit à l'autodétermination, Boukhari a affirmé que ‘'ce droit, qui est la seule base reconnue par la communauté internationale pour résoudre le conflit du Sahara occidental, ne peut pas et ne doit pas être conditionné par les désirs d'une puissance occupante''. En effet, ‘'les deux principes que sont l'autodétermination et les droits de l'Homme sont inscrits dans la Charte des Nations Unies'', a-t-il rappelé. Faisant référence à l'appel au compromis fait par l'ONU aux deux parties pour résoudre la question sahraouie, Boukhari a affirmé que ‘'ce serait une grande erreur et un déni de justice pour essayer d'accommoder le Maroc en recourant à des arguments de nature mercantile qui vont à l'encontre de ces droits inaliénables et fondamentaux que sont l'autodétermination et les droits de l'Homme''. La seule solution, a-t-il insisté, est ‘'une solution pacifique et démocratique pour résoudre un conflit de décolonisation, et ce, à travers un référendum d'autodétermination qui est, d'ailleurs, la seule raison d'être de la présence de la MINURSO au Sahara occidental''. Questionné sur les références du rapport de l'ONU à la situation au Mali et au Sahel et dans lequel M. Ban a averti que "la montée de l'instabilité et de l'insécurité à l'intérieur et autour du Sahel nécessite un règlement urgent du conflit du Sahara occidental'', M. Boukhari a estimé que cela risquait d'être ‘'mal interprété''. La question du Sahara occidental ‘'est un problème de décolonisation qui doit être résolu avec ou sans les événements qui se passent dans le Sahel'', a souligné M. Boukhari. 'Nous, comme tous les pays africains, sommes concernés par la stabilité et la sécurité au Mali ou en tout autre lieu en Afrique, mais il ne devrait y avoir aucune confusion entre un problème interne dans un pays, d'une part, et le droit à l'autodétermination du peuple de la dernière colonie en Afrique située dans une autre partie de la région", a-t-il précisé. Dans son nouveau rapport, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a réitéré mardi son appel pour "une solution juste, durable et mutuellement acceptable permettant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental", tout en insistant sur "l'urgence d'une surveillance indépendante, impartiale, globale et soutenue de la situation des droits de l'Homme" au Sahara occidental occupé. Il a alors exhorté les deux parties "à s'engager dans de véritables négociations" avec l'assistance de son Envoyé personnel, Christopher Ross. Par ailleurs, le Secrétaire général de l'ONU a rapporté les cas de violations des droits de l'homme des Sahraouis par les autorités marocaines comme il a fait part du rapport de février dernier du Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Juan Mendez, sur les cas de torture et les mauvais traitements pratiqués sur les Sahraouis. Il a également évoqué le rapport de l'organisation américaine RFKennedy center ainsi que les conditions du procès des 24 prisonniers civils sahraouis de Gdeim Izik. En conséquence, le chef de l'ONU a affirmé clairement que "compte tenu des rapports réguliers sur les violations des droits de l'Homme, la nécessité d'une surveillance indépendante, impartiale, globale et soutenue de la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental devient de plus en plus urgente". Dans son rapport, il a aussi demandé au Conseil de sécurité de proroger le mandat de la MINURSO au 30 avril 2014 avec un renforcement de ses effectifs.