Les affrontements qui ont éclaté depuis deux jours à Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa, continuent à faire des victimes. Deux morts et plus d'une soixantaine de blessés, dont de nombreux grièvement atteints, tel est le bilan provisoire avancé hier par des habitants contactés par nos soins. Une dizaine de maisons brûlées et plusieurs commerces saccagés ou complètement brûlés. «Nous ne savons pas où ils veulent aller, ces émeutiers», nous dira un citoyen contacté par téléphone, regrettant que «depuis les événements de mai 2008, il ne se passe pas un jour sans que les jeunes des deux communautés provoquent des bagarres». L'intervention des forces de l'ordre ne semble pas avoir calmé les esprits. Toutes nos tentatives de joindre les autorités locales (daïra et wilaya) ont été vaines. «Vous rappelez, ils sont en réunion.» C'est la réplique revenue à chacune de nos tentatives de prendre langue avec un quelconque responsable local. Ce problème de communication a été même évoqué par des citoyens contactés hier par téléphone. Pis encore, le site de la wilaya de Ghardaïa ne contient aucun numéro susceptible de mettre les citoyens en contact avec les responsables locaux. Certains témoignages parlent même du port et de l'usage d'armes par certains émeutiers, telles que des fusils de chasse et des grenades artisanales. «Les échauffourées se poursuivent depuis hier. Les émeutiers voulaient saccager et brûler le maximum de commerces», regrettent nos interlocuteurs, précisant que «la police et le Gendarmerie nationale ont failli à leur mission». Et d'accuser : «Au moment où des maisons et des locaux brûlaient, les services d'ordre ont préféré regarder que de réagir.» Deux jeunes de la communauté chaâmbie ont été attaqués alors qu'ils traversaient un quartier mozabite. Cet incident aurait été la cause de ces sanglants affrontements. Mais cet «épisode», selon des témoignages, ne peut être que la goutte qui a fait déborder le vase. «La situation à Berriane s'aggrave de jour en jour et les interventions des services de sécurité sont inefficaces», nous indique un citoyen qui affirme «craindre le pire». Les affrontements ont éclaté, rappelons-le, juste après la prière du vendredi, entre les deux communautés, mozabite et chaâmbie. Cette localité a connu des événements sanglants en mai 2008 et depuis la situation reste précaire.