Photo : DR Par Ghada Hamrouche Un mort et plusieurs blessés est le nouveau bilan des violents affrontements qui ont éclaté aux environ de 2 heures hier matin, vendredi, entre des jeunes de Berriane dans la wilaya de Ghardaïa. Selon des témoignages sur place, une quinzaine de maisons, quatre magasins et quatre véhicules ont été incendiés. Les mêmes sources précisent que la victime a été mortellement blessée par un policier aux environs de 6h30 dans le quartier d'Al Madagh. Le communiqué du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales rend compte, de son côté, de «violents affrontements» entre des jeunes de Berriane, «parmi lesquels plusieurs individus cagoulés, causant la destruction de biens privés [habitations, commerces et véhicules]». La même source ajoute que «des agressions ont été commises par des individus, eux aussi cagoulés, contre les usagers de la route nationale numéro 1», dont un de ces usagers «a fait l'objet d'agression» à l'arme blanche. Le communiqué de l'Intérieur précise qu'un agent de police, «se sentant en danger, a fait usage de son arme, après des tirs de sommation, blessant un citoyen» qui a succombé à ses blessures à l'hôpital. Tout en présentant leurs condoléances à la famille du défunt et à la population de Berriane, les autorités de la wilaya de Ghardaïa, à leur tête le wali, indiquent que «le policier auteur du tir a été mis aux arrêts et une enquête diligente est en cours». Les autorités locales, «soucieuses de préserver l'ordre et le calme», ont appelé la population de Berriane à «faire preuve de sagesse et de sérénité comme elle en a fait montre dans d'autres circonstances», conclut le communiqué. Ces violents affrontements, rappelons–le, interviennent 45 jours seulement après des événements similaires qui ont soulevé la même ville le 21 mars dernier. La ville avait connu un véritable désastre. A l'origine du chaos qu'a vécu la localité de Berriane, des jets de pétards à l'intérieur d'une maison qui auraient provoqué une fausse couche. La situation a dégénéré après l'intervention du mari venu avec du renfort «punir les agresseurs» de sa femme. Le résultat immédiat fut le déclenchement de violences entre les arch du quartier dit mixte de Kef Hammouda qui abrite les communautés mozabite et chaambie. Ces affrontements intercommunautaires avaient également fait un mort, en l'occurrence Lassakeur Ali. Son présumé assassin a été arrêté, présenté à la justice et placé sous mandat de dépôt en attendant d'être jugé. Les services de l'ordre avaient opéré 22 arrestations pour attroupement illicite et jets de projectiles. Présentés devant le procureur de la République du tribunal de Berriane, 11 d'entre eux ont été placés sous mandat de dépôt, tandis que 11 autres ont comparu en citation directe. La ville de Berriane est restée longtemps complètement quadrillée par les services de sécurité jusqu'au jugement. Le 12 avril dernier, le tribunal de la ville avait acquitté 13 personnes alors que sept autres ont écopé de six mois de prison avec sursis. Les deux derniers ont été condamnés à une année de prison dont trois mois avec sursis. Un verdict jugé apaisant et censé contenir la colère en hibernation dans la ville. Et voilà que cette colère aveugle éclate à nouveau, faisant de nouvelles victimes. La question à laquelle il faudrait apporter une réponse claire est indéniablement qui se cache derrière ces troubles ? Qui tire les ficelles en encourageant le climat d'insécurité, de violence et d'instabilité sociale dans la localité ? En somme, à qui profite ce déchirement intercommunautaire ?