«La revendication des boulangers pour augmenter leur marge bénéficiaire à 20% est légitime. Nous les soutenons car ça leur permettra d'améliorer leur activité», a déclaré hier Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement de la wilaya d'Alger. Cependant, M. Zebdi est favorable pour le maintien du prix actuel du pain, au moins à court terme, afin de préserver le pouvoir d'achat des familles démunies. La baisse de la marge bénéficiaire pénalise principalement les boulangers qui fabriquent exclusivement le pain, surtout en dehors des grandes villes et au sud du pays. Mais, poursuivra M. Zebdi, les boulangers fabriquent d'autres variétés de pain vendus à des prix libres. M. Zebdi a dénoncé certaines pratiques de boulangers qui fabriquent une faible quantité de pain au prix de 8,5 DA obligeant les consommateurs à acheter les pains spéciaux fabriqués à base de farine subventionnée tandis qu'ils sont vendus à différents prix. Son association a déjà saisi la Fédération des boulangers sur cette question mais cette dernière justifie ces pratiques par la faible marge bénéficiaire réalisée par la corporation. Comme mesure permettant de maintenir le prix fixé par l'Etat, M. Zebdi approuve la proposition faite par la Fédération nationale des boulangers, affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), qui a demandé de fournir aux boulangers une farine contenant des fibres au prix inférieur à 2000 DA le quintal. Cette farine sera destinée exclusivement aux boulangers, ce qui permettrait à l'Etat de mieux contrôler la destination de la farine subventionnée. Mais, a-t-il averti, l'association sera intransigeante et appellera au contrôle des boulangers si de nouvelles mesures seraient prises pour leur permettre d'augmenter leur marge bénéficiaire. En contrepartie du soutien de l'Etat à leur activité, les boulangers devront fabriquer le pain en quantités suffisantes pour garantir la satisfaction de la demande, améliorer la qualité et respecter le poids réglementaire de la baguette qui est de 250 grammes. Par ailleurs, M. Zebdi a regretté que son association ne soit pas invitée à la réunion d'hier de la commission intersectorielle présidée par le ministère du Commerce, chargée de définir le prix de revient de la baguette de pain. L'association a déjà participé aux réunions précédentes de cette commission, a-t-il fait remarquer. Pour sa part, une source proche du ministère a dénoncé la vente du pain chez les commerçants de détail qui le cèdent à 10 DA. Les boulangers approvisionnent les vendeurs informels et les commerces d'alimentation générale alors que le produit est généralement indisponible dans leur commerce dans l'après-midi. Leur grève d'une journée «n'est pas acceptable», a jugé la même source.