«Le pain ordinaire à 7,50 DA la baguette n'est plus commercialisé», a fait remarquer hier M. Kalafat, président du Comité national des boulangers et pâtissiers, affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Il explique l'absence de ce type de baguette par le fait que «les boulangeries ne disposent plus de fours traditionnels à gasoil». Les boulangers utilisent, en fait, des fours rotatifs où il n'est possible de préparer que du pain amélioré. C'est ce qui explique le fait que seul ce pain dont le prix est fixé par l'Etat à 8,50 DA la baguette est disponible aux côtés des autres types, cédés à des prix pouvant atteindre les 50 DA lorsqu'il s'agit de pains spéciaux ou traditionnels par exemple. Pour les autres pains «les prix sont libres», a-t-il précisé. «C'est la vente des différents types qui permet néanmoins aux boulangers de réaliser des gains», relève M.Kalafat. Selon lui, «les professionnels parviennent à réaliser une marge bénéficiaire variant entre 1 et 1,20 DA par baguette pour ce qui concerne le pain amélioré». Ceci a été rendu possible grâce au soutien prôné par l'Etat pour le prix de la farine panifiable et au rabattement fiscal de l'ordre de 70% dont bénéficient les boulangers. Cependant, a-t-il dénoncé, «la majorité des boulangers cèdent le pain à 10, voire 20 DA dans certains quartiers», sans qu'ils fassent l'objet d'un quelconque contrôle de la Direction du commerce». Le prix d'une baguette à 8,50 DA n'est respecté, à son avis, «qu'au niveau des wilayas de l'intérieur du pays et contrées isolées». Sur un autre registre, M.Kalafat a parlé de l'enquête initiée, il y a environ deux mois, par la Direction du commerce de la wilaya d'Alger au niveau des pâtisseries, pour décider d'un redressement fiscal à l'encontre des pâtissiers et boulangers qui utilisent la farine subventionnée par l'Etat dans la confection des gâteaux, qu'ils cèdent à des prix élevés. Selon lui, les quelques inspections effectuées par les services de la Direction du commerce n'ont pu aboutir à des résultats concrets en raison de la difficulté de vérifier si le boulanger a utilisé une farine subventionnée ou pas dans la confection de la pâtisserie. En raison des faibles quantités acquises, les pâtissiers ne s'approvisionnent pas au niveau des minoteries, où le prix est fixé à 2000 DA/quintal, a-t-il expliqué. Ils acquièrent leur farine auprès des grossistes qui la vendent au prix de 2400 DA/quintal. «Même s'ils utilisent la farine subventionnée, c'est par petites quantités», a-t-il minimisé le préjudice que pourrait avoir cet acte sur l'Etat qui subventionne le prix de la farine destinée exclusivement à la fabrication du pain. A titre indicatif, il indique que «si le boulanger utilise 100 quintaux de farine par semaine pour le pain, il n'emploie qu'un quintal pour la pâtisserie». Il affirme, par la même occasion, «qu'aucun pâtissier ne s'est plaint pour avoir fait l'objet d'un redressement fiscal».