Ce recueil de poésie libre, paru dernièrement aux éditions Nounou, est le prélude à toute une série d'ouvrages. «De la même collection, au même format 20/20, d'autres livres d'odes et de contes pour enfants avec des CD verront le jour prochainement», assure la directrice de l'édition, Nora Adjal. Cette dernière a eu l'idée originelle, il y a de nombreuses années, de sortir une revue enfantine intitulée Nounou, du nom de son entreprise. Mais les impondérables du marché, les coûts d'impression et de distribution n'ont pas permis de poursuivre cette voie. Toutefois, Nora, optimiste, estime qu'elle est en stand-by, mais relancera prochainement son magazine. Ayant fait une incursion dans l'édition, Nora a déjà à son actif divers guides d'Algérie. Les mots blessent et réconfortent Dans ce recueil de poèmes Les mots, les maux, Abderrahmane Amalou se raconte sans fioritures ; il dit la vie dans sa perplexité et dans sa complexité. Le poète évoque l'importance et l'impact des mots. La préface de Nora renseigne à bon escient sur l'essence du texte poétique de Amalou. «Rien qu'avec la magie des mots, Shéhérazade, dans Les mille et une nuits, a eu des pouvoirs exceptionnels pour guérir l'âme troublée de Shahrayar en lui racontant les malheurs d'autrui.» L'auteur montre que les mots provoquent, interpellent, blessent et réconfortent. De leur musicalité suinte cette affectivité de Abderrahmane qui vibre au moindre mot d'amour et de tendresse. Dans un monde de violence, de haine et d'incertitudes, le mot a une consonance extrême. Il peut faire entrevoir le paradis comme l'enfer. Compartimenté en plusieurs parties, dont Mentir un peu, se mentir, On se sent si seul, Se réfugier dans un rêve, Venir de loin, Avoir encore de l'amour, Habiter son silence, Souffrir d'une tendresse sont autant de sujets qui racontent la perception de la vie et la souffrance de l'auteur. Les choses de la vie prennent une tournure essentielle, voire cardinale. Une poésie émanant du cœur La thébaïde, la société, le rêve, le bonheur, l'amour, la traîtrise et l'hypocrisie des gens sont autant de thèmes de prédilection qui ont inspiré l'auteur. Ces vers libres, porteurs d'une douleur qui transparaît, traduisent une extrême sensibilité. Très réceptif, à l'écoute des autres, Amalou montre que les pauvres êtres que nous sommes sont de simples pions guidés par le destin et dans l'échiquier social. Pétri d'afflictions, le cœur sec, le poète raconte les déboires et les rancœurs. Ses poèmes sont comme une toile impressionniste, toute nimbée de mélancolie, de vérité et de sensibilité.Amalou nous livre une parabole sur la solitude, la dureté de la vie et la faiblesse des hommes. Une poésie qui booste… grave ! Il s'avère que chaque thématique est accompagnée d'illustrations idoines en noir et blanc du dessinateur Cherchali. De très bonne facture, l'ouvrage en papier glacé de qualité et de format appréciable, est un produit que l'on mettrait aisément dans sa bibliothèque. La couverture attrayante incite à l'achat, d'autant que le rapport qualité/prix est en accord.Cette poésie émane du cœur ; une poésie qui booste... grave.