Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a laissé entendre lundi que le dossier de révision de l'allocation touristique, dont le montant devrait être revu à la hausse pour lutter contre le marché parallèle de la devise, est toujours d'actualité, alors que le ministre des Finances, Karim Djoudi, avait affirmé en avril qu'elle «n'est plus à l'ordre du jour». Le gouverneur s'est abstenu, cependant, de donner des précisions, affirmant que c'est «une mesure discrétionnaire que son institution ne pouvait révéler». Dans le but d'avoir plus d'explications sur l'impact d'une telle révision à la hausse de l'allocation de voyage sur l'économie nationale, Le Temps d'Algérie a contacté l'économiste Mustapha Mekideche. Le Temps d'Algérie : Nous avons deux annonces différentes sur la possible révision de l'allocation touristique. Celle du premier argentier du pays, Karim Djoudi, et l'autre du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. Peut-on avoir votre avis sur la question de la révision de cette allocation ? Mustapha Mekideche : Malheureusement, au risque d'en décevoir certains, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a raison. Le contexte actuel n'est pas favorable à une hausse de l'allocation touristique en devises. En se basant sur l'exposé de Mohamed Laksaci, présenté lundi, il faudrait aller vers une plus grande maîtrise des importations et des dépenses. Après la diminution des revenus des exportations des hydrocarbures, une réelle tension existe sur nos réserves de change. Mais dans ce cas-là, n'y aura-t-il pas un véritable rush sur le marché parallèle de la devise ? On ne peut pas écarter cette éventualité. Certes, il existe une pression sur le dinar algérien. Mais au niveau de l'inflation, nous avons une bonne nouvelle. Elle a baissé, selon M. Laksaci. En attendant l'évolution du marché des hydrocarbures, il est nécessaire aujourd'hui de diminuer cette pression sur nos réserves de change. Selon vous, quels sont les moyens appropriés pour lutter contre le marché parallèle du change ? On constate que le marché parallèle du change est «toléré» en Algérie. Nous avons toutes les possibilités et les moyens de lutter efficacement contre ce phénomène. Les textes de loi existent en Algérie. Il est nécessaire de mettre en place des bureaux de change partout sur le territoire national. Mais il n'existe pas une réelle volonté de les appliquer. Alimenté par cette attitude, le marché parallèle du change risque de ne pas disparaître demain. Je répète aussi qu'il faut attendre un peu pour penser à une probable hausse de l'allocation de voyage. Le contexte actuel n'est pas favorable. Lutter contre le marché informel du change passe aussi par la diversification des revenus économiques du pays. Les prix du pétrole sont en baisse depuis quelques mois et nos réserves de change connaissent par conséquent une faible diminution. Il y a lieu de faire attention. Les douanes algériennes autorisent de faire entrer jusqu'à 7000 euros, alors que l'allocation de voyage en devises est de 150 euros. Ne croyez-vous pas qu'il faudrait aligner le prix de l'allocation touristique sur celui autorisé par les douanes ? On ne peut pas faire cette comparaison. Nous devons savoir que notre système financier n'est pas un régime de libre transfert des changes.