L'armée libanaise a interdit vendredi l'accès au quartier du Parlement à Beyrouth après une nuit de troubles suscités par le contre-coup de la guerre en Syrie et l'impasse politique qui prévaut au Liban. Le chef d'état-major des armées, Jean Kahouadji, a déclaré au quotidien As Safir que l'armée ne tolérerait aucune menace à la sécurité du Liban en cette période "très délicate". Des affrontements ont eu lieu jeudi soir près du Parlement entre la police et une centaine de manifestants, exaspérés par le report à l'an prochain des élections législatives. Les plus déterminés campaient vendredi matin devant la clôture de fil de fer barbelé isolant le bâtiment du Parlement. Les manifestations dans le centre de Beyrouth ont été dans l'ensemble plutôt calmes. Dans d'autres quartiers de la capitale ainsi que dans la vallée de la Bekaa, dans l'est du pays, les manifestants ont bloqué les rues avec des pneus enflammés. Ils ont expliqué agir par solidarité avec les habitants de la localité sunnite d'Arsal, dans la Bekaa, qui, disent-ils, a été isolée par les forces de l'ordre qui enquêtent sur la mort de quatre musulmans chiites abattus dimanche. L'armée dit avoir été attaquée vendredi à l'aube dans trois localités proches du point de passage de Masnaa à la frontière syro-libanaise. Elle a répliqué aux tirs. Vingt-deux personnes ont été interpelées. Les violences interconfessionnelles se sont intensifiées dans la Bekaa en écho au conflit syrien de l'autre côté de la frontière. Chiites et sunnites libanais ont franchi la frontière pour rejoindre l'un ou l'autre camp en guerre en Syrie. Les combattants chiites du Hezbollah libanais soutiennent désormais ouvertement les forces loyales au président Bachar al Assad, de confession alaouite (une branche du chiisme). Des Libanais sunnites ont pris les armes pour rejoindre la rébellion syrienne, majoritairement sunnite. Des roquettes tirées vraisemblablement à partir de positions syriennes rebelles ont touché les villes chiites du Liban depuis que le Hezbollah a permis à l'armée syrienne de reprendre la ville stratégique de Koussaïr il y a deux semaines. Le président libanais, Michel Sleimane, a appelé le Hezbollah à rappeler ses hommes qui combattent en Syrie, pour ne pas alimenter l'instabilité au Liban.