Le Forum économique et social du cinquantenaire de l'Indépendance, organisé par le Conseil national économique et social (Cnes), a mis l'accent, à l'issue des travaux de trois jours, sur l'urgence d'aller vers un nouveau régime de croissance d'autant plus que des défis restent à relever qui nécessitent une vision d'avenir. «Devant l'ampleur des enjeux, des impératifs et défis de l'heure et face aux vulnérabilités qui peuvent affecter le pays, il est nécessaire de re-questionner le modèle de développement suivi jusque-là et saisir les nouvelles opportunités pour s'inscrire dans une vision d'avenir», indique le rapport du Cnes lu par son vice-président Mustapha Mékidèche. L'objectif du forum étant de «dessiner un cap stratégique» visant à démultiplier l'aptitude du pays à élargir le champ des opportunités de création de richesses, le Cnes estime que la prise en charge de cette problématique «a imposé l'urgence d'aller vers un nouveau régime de croissance, lequel s'endosse sur trois éléments qui le soutiennent, à savoir la rénovation des systèmes de gouvernance, la promotion de l'entrepreneuriat national et la revalorisation du capital humain pour accéder à l'économie du savoir». Pour le Cnes, le régime de croissance actuel demeure «fortement marqué par le poids du secteur des hydrocarbures, en dépit des tentatives d'ajustement et de réforme». Un constat qui «témoigne, parfaitement, de la vulnérabilité de l'Etat, de la société et de l'économie algérienne», fait remarquer le Cnes constatant que malgré la mise en place «de mesures de sauvegarde» par l'Etat, ces dernières qualifiées de «pro cycliques», sans caractère structurel «n'ont pas entraîné un changement» dans le régime d'une croissance qui demeure «molle et volatile». Aussi, est-il judicieux pour le Cnes d'opter pour un nouveau régime de croissance. «Cela impose de passer rapidement à un nouveau régime de croissance moins dépendant des hydrocarbures et de se l'approprier de façon durable». Il s'avère donc pour le Cnes «impérieux d'engager l'économie nationale dans un régime de croissance diversifié, lui assurant une plus grande manœuvre». Plusieurs contraintes doivent être levées S'il doit s'appuyer sur de nouveaux moteurs de croissance notamment, la mise en place de ce régime «contrainte par plusieurs facteurs endogènes et exogènes (mondialisation, faiblesse de l'entrepreneuriat algérien, obsolescence technologique du parc productif national…)», ne peut se faire sans «la levée des contraintes pesant sur l'entreprise, en vue de parvenir à un développement inédit». Ceci «constitue l'enjeu central de ce nouveau régime économique à inscrire jusqu'à l'horizon 2020», soutient le Cnes. D'autant que, poursuit le document, «les retards, d'origines diverses, accumulés dans ce domaine devront être rapidement résorbés, à travers notamment des mécanismes publics d'appui, mais aussi l'implication de tous les acteurs». Le nouveau régime doit aussi prendre en compte «la nécessité de promouvoir le capital humain» et «privilégier et cibler les entreprises potentiellement viables», pour faire face «aux nouveaux défis qui se posent à la nation». Ce régime porte ainsi sur la mise en synergie dynamique des atouts de l'économie algérienne, notamment l'endettement interne et externe quasi négligeable, le marché final important, les capacités de financement excédentaires, les infrastructures, le potentiel de capital humain. La transition vers ce nouveau régime nécessite, selon le rapport final du Forum du Cinquantenaire, «des politiques publiques de soutien aux secteurs productifs» et «une régulation institutionnelle et l'organisation des marchés afin d'améliorer le climat des affaires, de supprimer les rentes et d'attirer l'investissement et développer les capacités concurrentielles des entreprises nationales». Relevant «les dysfonctionnements dans les différents volets de la gouvernance et l'insuffisance prononcée des instruments de régulation qui impactent négativement les régimes de croissance en vigueur», le Cnes fait observer que «cet état de fait est aggravé lourdement par la verticalité et la centralisation des pouvoirs de décision dans un territoire continent, au manque d'application des réformes déjà engagées». Les filières industrielles à encourager et gestion prudente des hydrocarbures Le nouveau régime de croissance, estime-t-on, «ne peut se concevoir sans la stabilité et la sécurité juridique dans le fonctionnement normatif des entreprises». D'où, selon le Cnes, la nécessité de «la dépénalisation de l'acte de gestion afin de garantir la stabilité de ce nouveau régime, et libérer les initiatives entrepreneuriales». Considérant l'industrie comme un instrument de l'intégration de l'économie nationale, le document du Cnes souligne qu'il est «urgent de stopper la désindustrialisation du pays et de repenser les nouveaux fondements des choix des filières industrielles». A cet égard, le Cnes considère «incontestable» d'opter pour les filières des matériaux de construction, des ciments, de l'agroalimentaire, des engrais, du BTPH, de la pétrochimie et pharmacie. S'agissant du tourisme, il est recommandé de faire entrer ce secteur dans un processus vertueux d'investissement par l'accompagnement et la facilitation de l'Etat, notamment autour de la question du foncier. En ce qui concerne les hydrocarbures, le rapport final préconise des «ajustements» pour le soumettre à ce nouveau régime en l'intégrant de manière horizontale à l'économie nationale avec le renforcement de la production des produits pétrochimiques de base et dérivés. Il s'agit aussi d'inscrire le secteur des hydrocarbures dans une gestion «prudente» des réserves tout en intégrant le groupe Sonatrach dans un «redéploiement international» approprié avec un élargissement des réserves, au lieu de s'inscrire dans des activités aval et de transport, moins rémunératrices, préconise le Cnes favorable à une révision du modèle de consommation énergétique et à la promotion des énergies renouvelables.