Les hallaba qui ont asséché les réservoirs des stations-services de la wilaya de Tlemcen, au point de pousser les automobilistes de cette région à sortir dans la rue pour exprimer leur courroux, ont-ils étendu leurs tentacules jusqu'à Oran ? C'est la question que se posent de nombreux automobilistes de cette wilaya, qui se retrouvent chaque jour contraints à subir une longue attente devant les pompes à essence avant de pouvoir se voir servir du carburant. Cette hypothèse avancée il y a quelques jours pour justifier la pénurie de carburant qui sévit dans la wilaya ne semble pas convaincre beaucoup de monde. Des gérants de pompes à essence affirment que les hallaba ne peuvent pas consommer le volume affecté à une wilaya importante comme Oran en un clin d'œil. «Nos approvisionnements sont rationnés, et c'est ce qui explique cette crise. Le parc automobile de la wilaya a doublé mais les approvisionnements sont restés les mêmes. L'explication du problème se trouve au niveau de Naftal qui a réduit les volumes servis pour chaque station sans fournir d'explication», affirment des gérants de pompes à essence. Cet avis est également partagé par des automobilistes qui affirment que justifier cette crise par un afflux des contrebandiers en carburant n'est pas convaincant. «Cela pourrait être valable pour le mazout qui est utilisé pour les équipements agricoles, mais pour l'essence, l'origine de cette crise est à chercher auprès de Naftal», diront-ils. En effet, il y a quelques jours, des sources avaient affirmé que des hallaba ont trouvé auprès de certains agriculteurs le moyen de s'approvisionner à Oran. Selon les mêmes sources, ces derniers auraient convaincus, moyennant de fortes sommes d'argent, des agriculteurs de leur remettre leur carte de client pour opérer une véritable razzia sur le carburant. «Ils l'ont fait à Tlemcen, à Sidi Bel Abbès et aujourd'hui c'est au tour d'Oran qui est une wilaya limitrophe. Rien ne peut les arrêter», affirment nos sources. Cette explication est toutefois battue en brèche par des gérants de stations-services qui affirment que les hallaba ne peuvent pas sévir en dehors de la wilaya de Tlemcen. «Vous vous imaginez un camion citerne franchir les barrages des services de sécurité sans être inquiété ? Ce n'est pas normal. De plus, les carburants sont soumis au document du «passavant», qui est exigé pour chaque cargaison de produit de première nécessité qui rentre ou qui sort de cette wilaya. Ce document est délivré par les services des douanes algériennes qui exigent des documents qui justifient son origine et sa destination. C'est une mesure prise au début des années 2000 et qui a permis de réduire considérablement le volume du trafic des produits de première nécessité aux frontières, aussi bien Est qu'Ouest», affirment nos interlocuteurs. Des sources de Naftal rejettent la balle vers les gérants des stations-services. «Nous n'avons pas réduit les quantités de nos approvisionnements et vouloir expliquer cette situation par une réduction de la production n'est pas convaincant. Nous produisons le même volume et nous assurons régulièrement les approvisionnements. Certains ont avancé la thèse d'une rupture de stock de certains intrants que nous utilisons dans le raffinage, c'est faux car nos installations n'ont pas réduit leur cadence de production», affirment nos sources. Mais en attendant, trouver une goutte de carburant à Oran est devenu un véritable problème qui agace aussi bien les automobilistes que les autres citoyens qui se retrouvent confrontés à un véritable problème de transport.