Les «hallaba», ceux qui ont fait de la contrebande des carburants leur principale source de revenu, ont mis à sec les stations-services d'Oran. La wilaya a vécu, durant de longues journées, les affres d'une pénurie de carburant que rien ne pouvait expliquer. Et même si la situation tend à se normaliser, rien n'indique que le risque de la panne sèche provoquée par les trafiquants est définitivement levée. En effet, soumis à un rationnement au niveau des stations-services des wilayas de Tlemcen et Sidi Bel Abbès, ces individus ont trouvé l'astuce pour dépasser cet écueil en se rabattant sur les pompes à ssence à Oran, au point de déstabiliser les mécanismes de l'offre et de la demande. Pour parvenir à leurs fins, ces derniers n'ont pas trouvé mieux que de s'appuyer sur des agriculteurs véreux qui ne sont pas tenus par un rationnement des approvisionnements ou un programme de distribution. Conformément aux dispositions légales, la carte d'agriculteur permet aux professionnels du secteur de s'approvisionner en grandes quantités au niveau des stations-services en mazout et essence pour les besoins de leur activité. Il leur suffisait alors de disposer de cette carte pour faire une véritable razzia sur les carburants au niveau des pompes de l'ensemble de la wilaya d'Oran. Les gérants des stations qui ont été surpris par le phénomène ont tenté de réagir, mais leurs efforts ont été vains, car les hallaba avaient déjà mis à sec les dépôts et installé tout un réseau d'approvisionnement qui leur permettait d'agir tout en restant tapis dans l'ombre. Les consommateurs surpris par l'ampleur de la crise ont souffert durant de longues journées. Certains, surtout les transporteurs, ont vu leur activité fortement perturbée par cette pénurie provoquée par les trafiquants. Dans nos tentatives d'avoir des explications concernant la pénurie de carburant qui a affecté Oran, nous avons sollicité des responsables de l'entreprise Naftal qui ont affirmé que les approvisionnements ont été assurés régulièrement. «Aussi bien la périodicité que les quantités de livraison ont été assurées ; s'il y a rupture de stock, elle ne relève pas de notre responsabilité car toutes les commandes de notre réseau de clients dans la wilaya ont été honorées», affirment-ils. Des gérants ont déploré cette situation tout en affirmant que les services agricoles devraient engager une opération de contrôle du secteur. «Il est nécessaire de savoir qui est le véritable professionnel qu'il faudra aider et qui est l'intrus qui utilise sa carte délivrée par la DSA (Direction des services agricoles) pour se livrer à des trafics», ont-ils indiqué. Ces derniers n'ont pas manqué de rappeler qu'à l'heure actuelle et même si la situation tend à se normaliser, le risque de subir une nouvelle offensive des «hallaba» existe toujours. «Il faudra un véritable contrôle et une lutte sans merci aux frontières pour endiguer ce trafic qui pourrait à la longue mettre en péril l'économie algérienne et même la paix sociale», indiquent des gérants de stations-services.