Les journaux égyptiens ont annoncé hier que les nouvelles autorités soutenues par l'armée allaient désigner dans la journée un nouveau Premier ministre pour conduire le gouvernement pendant la période de transition. L'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Mohamed El Baradeï, 71 ans, est donné favori pour ce poste. Cet ancien haut fonctionnaire international a une bonne réputation et d'une intégrité international. Il avait mis en doute devant le Conseil de sécurité de l'ONU l'existence d'un programme nucléaire secret en Irak. C'était avant l'invasion américaine de 2003. Il était alors à la tête de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Prix Nobel de la paix 2005 avec l'AIEA, il reçoit en 2006 la «médaille du Nil», soit la plus haute distinction d'Egypte. Démocrate convaincu, il fait un retour triomphal au pays en 2010. Il s'est opposé ouvertement au président islamiste Morsi. Cette semaine, l'ancien diplomate a été choisi comme représentant par le Front du 30 juin, une coalition de formations hostiles à Mohamed Morsi. 30 morts Sur le terrain, la tension restait vive dans le centre du Caire hier matin. Des barricades ont été érigées en plusieurs endroits de la capitale. Le dernier bilan des affrontements survenus vendredi et dans la nuit de vendredi à samedi évoque au moins 30 morts et plus de mille blessés. Dans le centre du Caire, pro et anti-Morsi armés de pierres, de couteaux, de bâtons et de cocktails Molotov se sont livrés à des escarmouches tandis que les forces de l'ordre tentaient de s'interposer. La tension était palpable aux abords de l'université de la capitale, sur la rive occidentale du Nil, où les Frères musulmans ont établi des barricades et arboraient des portraits du président déchu Mohamed Morsi devant les forces de sécurité. Le grand pont menant à ce quartier, où le trafic était contrôlé par la police et par des civils anti-Morsi, était jonché de pierres et de restes de pneus brûlés, témoignant de heurts dans ce secteur, où des tirs d'armes à feu ont été entendus dans la nuit et aux premières heures de la matinée. Les accès à la place Tahrir étaient contrôlés par des anti-Morsi armés de bâtons, qui fouillaient les véhicules privés et les bus. Le calme prévalait toutefois sur la place, où quelques centaines de personnes étaient présentes, hier matin, après avoir passé la nuit dans un village de tentes dressé sur le terre-plein central. Les médias locaux ont précisé que 1138 personnes ont été blessées lors de ces violences, certains manifestants ayant tenté d'investir les bâtiments militaires dans lesquels est détenu Mohamed Morsi. Les heurts les plus violents se sont produits à Alexandrie où 14 morts et 200 blessés ont été dénombrés.