Les menaces d'attentats d'Al-Qaïda, qui ont poussé les Etats-Unis à fermer leurs ambassades dans les pays musulmans et à demander à leurs ressortissants d'éviter de voyager, visent l'ensemble des intérêts occidentaux, a déclaré un haut responsable américain. Les menaces visent directement les intérêts occidentaux et sont "plus spécifiques" que ce qu'il avait pu y avoir jusqu'à présent, a déclaré à la chaîne de télévision ABC le chef d'état-major américain, le général Martin Dempsey. La cible exacte n'est pas connue, mais "l'intention est claire. L'idée est d'attaquer les intérêts occidentaux, pas seulement américains", a-t-il déclaré dans cette interview à l'émission "This Week". Les Etats-Unis avaient mis en garde vendredi contre des menaces d'attentats qu'Al-Qaïda pourrait perpétrer en août, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Quelques heures après cette mise en garde, dans un enregistrement audio posté sur des forums jihadistes, le chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri accusait les Etats-Unis d'avoir "comploté" avec l'armée égyptienne et la minorité chrétienne copte pour faire destituer le président islamiste égyptien Mohamed Morsi il y a un mois. En réaction aux menaces d'attentats annoncées par les services de sécurité américain, le département d'Etat avait immédiatement annoncé la fermeture dimanche, jour ouvré dans la plupart des pays musulmans, de ses ambassades dans 22 pays. Ces représentations diplomatiques sont situées en Israël, dans le monde arabe, ainsi qu'en Afghanistan et au Bangladesh. Le Royaume-Uni, suivi par l'Allemagne, ont à leur tour annoncé la fermeture de leur ambassade au Yémen dimanche et lundi, alors que le ramadan se termine mercredi. Après cette date, le gouvernement américain étudiera l'éventuelle réouverture des représentations diplomatiques qui auront été fermées, a ajouté la porte-parole du département d'Etat: "Il est possible qu'il y ait aussi plusieurs jours de fermeture". Peu après cette annonce, le président américain Barack Obama avait ordonné vendredi soir de prendre "toutes les mesures nécessaires pour protéger les Américains". Le département d'Etat a diffusé quant à lui un avis de prudence à l'attention de tous ses ressortissants dans le monde: des attentats sont possibles "particulièrement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord", et Washington insiste également sur "la péninsule Arabique", où le Yémen est considéré comme l'un des bastions d'Al-Qaïda. "Les informations actuelles suggèrent qu'Al-Qaïda et ses organisations affiliées continuent à préparer des attentats terroristes dans cette région et au-delà. Ils pourraient concentrer leurs efforts pour perpétrer des attaques d'ici à la fin août", selon le département d'Etat. Son avis de prudence évoque "des attentats terroristes potentiels dans les transports et d'autres infrastructures touristiques". Cette mise en garde a été lancée sur la base d'informations "spécifiques et crédibles", a précisé un responsable américain sous couvert d'anonymat. Depuis l'attentat de Lockerbie contre le vol 103 de la PanAm, qui avait coûté la vie à 270 personnes en 1988, le gouvernement américain est obligé, dans le domaine de la sécurité, de partager avec l'ensemble des Américains toute information qu'il fournirait à ses propres employés. "Nous avons retiré un certain nombre de membres du personnel (de l'ambassade) de Sanaa, en raison de préoccupations accrues sur la sécurité", a expliqué pour sa part le Foreign Office à Londres. "Nous sommes particulièrement préoccupés par la situation de la sécurité dans les derniers jours du ramadan et pour (la fête musulmane de) l'Aïd", a-t-il ajouté. Le ministère allemand des Affaires étrangères a souligné quant à lui "le risque d'attentats dans certaines régions isolées du pays mais aussi dans la capitale Sanaa". A Washington, les élus du Congrès ont reçu des rapports concernant les menaces: "Il est permis de penser que ces menaces sont sérieuses", a jugé la chef démocrate à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. Les Etats-Unis sont particulièrement attentifs à la sécurité de leurs représentations à l'étranger depuis l'attaque contre le consulat américain de Benghazi, en Libye, le 11 septembre dernier, durant laquelle l'ambassadeur américain et trois de ses collaborateurs avaient trouvé la mort. L'ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton avait endossé la responsabilité des conséquences de cet attentat, tout en soulignant que les demandes d'amélioration de la sécurité du consulat avaient été examinées par des diplomates moins haut placés qu'elle. Le département d'Etat avait toutefois reconnu en 2012 des ratés en matière de sécurité.