L'équipe de France effectue sa rentrée face à la Belgique, puissance montante en Europe, mercredi à Bruxelles, un amical qui doit servir de base de travail en vue de la reprise des qualifications du Mondial-2014 en septembre et marquer le grand retour en bleu d'Abidal et de Nasri. La tournée du mois de juin en Amérique du Sud (2 défaites en 2 rencontres en Uruguay et au Brésil) n'avait pas spécialement rassuré sur le potentiel des Tricolores et avait au contraire démontré les limites et les faiblesses criantes du réservoir à la disposition de Didier Deschamps. Le sélectionneur n'a pas trouvé en deux mois de recette miracle ou un homme providentiel capables de métamorphoser une formation quelconque et sans génie. Mais il espère tout de même chasser quelque peu les doutes et les inquiétudes contre les talentueux Diables Rouges, en tête de leur groupe et désormais 10e au classement Fifa, avant de se lancer dans la dernière ligne droite de sa campagne pour le Brésil avec comme épilogue probable des barrages à hauts risques en novembre. Le bilan catastrophique de la première moitié de l'année (4 défaites en 5 matches) a en effet sérieusement obscurci l'horizon et ne peut que rendre perplexe et sceptique sur l'avenir immédiat de la France, 23e nation Fifa. Les maux dont souffrent les Bleus ont été parfaitement identifiés: manque d'expérience, absence de leader sur et en dehors du terrain, pas de stabilité de la défense, un secteur offensif et des attaquants trop stériles. D'où le rappel par nécessité d'Eric Abidal et de Samir Nasri, qui semblaient pourtant très loin de la sélection avant la série noire de 2012. Le défenseur de Monaco (33 ans), opéré à deux reprises d'une tumeur au foie et dont la dernière des 61 capes remonte à février 2012, est un miraculé et profite du peu de fiabilité de l'arrière-garde française, handicapée par la blessure de Raphaël Varane et le faible temps de jeu au Paris SG de Mamadou Sakho, non retenu. Nasri sous haute surveillance "Abi" sera titulaire à Bruxelles et fera la paire dans l'axe avec Laurent Koscielny, la seule valeur sûre de la défense française. Reste à savoir comment il parviendra à tenir le choc devant les trois attaquants belges de Chelsea, Hazard, De Bruyn et Lukaku. En cas de réussite, il prendra une sérieuse option sur le poste en vue des échéances de septembre (déplacements en Géorgie et au Belarus). Le "come-back" de Nasri, un an après ses problèmes de comportement à l'Euro-2012 qui lui avaient valu 3 matches de suspension, sera l'autre attraction de ce court voyage en Belgique.
En ces temps de disette offensive, la polyvalence du joueur de Manchester City peut s'avérer précieuse et explique la décision de Deschamps de lui offrir une deuxième chance malgré ses lourds antécédents. Mais Nasri (26 ans, 35 sélections), qui devrait débuter la rencontre sur le banc, le sait: il ne bénéficiera d'aucun passe-droit et sera sous très haute surveillance, lui qui a cette étiquette de fauteur de troubles collée aux pieds depuis l'Euro-2008. Au-delà de ces deux cas particuliers, cet amical doit également permettre à Deschamps de préparer un milieu de terrain compétitif pour la Géorgie (6 septembre) où Matuidi, Cabaye et Pogba, ses trois cadres de l'entrejeu, seront suspendus.
Selon la mise en place tactique de mardi, le sélectionneur devrait opter pour un duo Guilavogui-Kondogbia devant la défense, offrant ainsi au tout frais champion du monde des moins de 20 ans sa toute première cape chez les A. A charge pour lui et le Stéphanois (2 sélections), prometteur en Uruguay et au Brésil, de prendre date pour septembre. Deschamps attend aussi beaucoup du retour de Franck Ribéry, dispensé de la tournée en Amsud après une longue et exceptionnelle saison avec le Bayern Munich (triplé Ligue des champions, Championnat, Coupe). Le sélectionneur aimerait bien que la complicité du Bavarois avec Karim Benzema puisse inspirer le Madrilène, auteur d'une belle préparation avec le Real mais muet en équipe de France depuis le 5 juin 2012. Autant d'enjeux pour un match amical du mois d'août traditionnellement dénué d'intérêt, à tel point que la Fédération internationale (Fifa) a décidé de les supprimer du calendrier à partir de la saison prochaine.