Le ministre de l'Intérieur doit s'y rendre aujourd'hui pour installer le nouveau wali sur fond d'escarmouche. La visite qu'effectue le ministre de l'Intérieur, aujourd'hui, dans la wilaya de Béjaïa intervient dans une conjoncture marquée par une reprise des affrontements entre les forces de l'ordre et de jeunes manifestants depuis la marche avortée du 8 août à Alger. La localité d'El-Kseur connaît une recrudescence particulière de violence et enregistre nombre de blessés. Chaque fin de journée, on barricade toutes les issues et on commence les émeutes qui se poursuivent tard dans la nuit sous le regard des riverains. La situation a dégénéré lundi, lorsque des éléments de la brigade de la gendarmerie en civil ont procédé à des arrestations de jeunes. Ceci n'a pas manqué de faire sortir le comité de la société civile de la commune qui, dans une déclaration-ultimatum, dénonce «les actes sauvages, barbares et inhumains commis par vos éléments de gendarmerie sur notre population» et cite «les rapts d'enfants et leur torture avant de les libérer nus au vu et au su de tout le monde». S'exprimant au nom de la population de la ville d'El-Kseur, le CSC lance un ultimatum «en vue de faire partir dans l'immédiat vos escadrons de la honte». Par ailleurs, un rassemblement est prévu à 18 heures au niveau de la gare routière pour dénoncer «les actes barbares et sauvages de la gendarmerie». Sidi Aïch vit également depuis quelques jours au rythme des émeutes. Des dizaines de jeunes arrosent chaque jour le commissariat de la ville de toutes sortes de projectiles. C'est dans ce climat de tension que le ministre de l'Intérieur procédera, aujourd'hui, à l'installation du nouveau wali. Les élus du RCD de Béjaïa décident de boycotter cette cérémonie qu'ils considèrent comme «un simulacre de passations de pouvoirs». Dans un communiqué qui nous est parvenu au bureau, hier, les élus du RCD informent l'opinion publique qu'ils ne peuvent cautionner une rencontre initiée par «un responsable qui a versé honteusement et publiquement dans le mensonge, l'invective et la manipulation». Dans le même communiqué, ils réaffirment «leur responsabilité et leur engagement plein dans le mouvement de solidarité citoyenne avec les révoltés de notre région». Les élus du parti de Saïd Sadi notent que « les familles des trois collégiens d'Amizour et de toutes les victimes de la région sont d'abord victimes de ceux qui sont censés les protéger: à leur tête le ministre de l'Intérieur » et constatent que l'«entêtement et les déclarations irresponsables font autant, sinon plus de dégâts, que les balles réelles» relèvent encore les élus qui concluent: «L'impasse actuelle ne peut être dépassée que par des solutions idoines et urgentes aux besoins et revendications légitimes des citoyens.» Par ailleurs, les élus du FFS auront, sans aucun doute, la même réaction, nous confie une source partisane. Devant les critiques des uns et le boycott des autres, la visite de Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, risque fort d'être perturbée. Par ailleurs, la coordination interquartiers et villages de Béjaïa appelle les élus locaux et les travailleurs des secteurs publics à observer une grève générale aujourd'hui et à empêcher, par des sit-un, le ministe de l'Intérieur d'accéder au siège de la wilaya.