La note adressée par le Chef du gouvernement aux SGP a provoqué l'ire du ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement. Notre journal a obtenu une copie d'une «note d'orientation aux directoires des sociétés de gestion des participations». Le document, comportant 16 pages, a été élaboré par le Chef du gouvernement. Il est daté du mois dernier. Il reprend une bonne partie des grandes lignes soulevées par la Centrale Ugta à la suite de sa rencontre «mouvementée» avec le ministre dela Participation et de la Promotion de l'investissement, le Pr Abdelhamid Temmar. La bipartite, donc, qui s'en était suivie n'est pas demeurée lettre morte. Benflis, dans sa note d'orientation, ôte encore plus de prérogatives à Temmar et centralise, à son niveau, la quasi-totalité des décisions importantes, à commencer par les privatisations. Cette mesure, du reste, paraît normale, attendu que c'est le Chef du gouvernement qui préside le CPE. Mais Temmar, dont les prérogatives ne cessent d'être «rognées» depuis des années, ne pouvait accepter cet état de fait sans protestation. Le Chef du gouvernement désavoue, en termes à peine voilés, son ministre de la Participation en exigeant que les membres des directoires en réfèrent directement à ses services avant de prendre la moindre décision, reprenant même à son compte une protestation désormais chère à l'Ugta qui rejette la privatisation pour la privatisation, érigée en véritable dogme: «L'économie de marché n'est pas un choix à proclamer, mais bien un enjeu important de valoriser davantage nos capacités économiques nationales.» Benflis, en outre, privilégie le dialogue social, ce qui n'est guère le fort de Temmar comme cela a pu être constaté lors de sa rencontre à El-Aurassi avec la Centrale Ugta. «Il appartient aux organes sociaux et gestionnaires ainsi édifiés dans leurs missions, prérogatives et responsabilités de s'émanciper par la démonstration de leurs valeurs ajoutées.» Le plan de privatisation, par paquets de quarante entreprises, lancé par Temmar, est, lui aussi, officiellement rejeté comme il avait été convenu lors de la dernière bipartite. Cela, contrairement aux affirmations que continue de soutenir le ministre de la Privatisation contre vents et marées. Le document, en effet, précise ceci: «Le processus décisionnel, au regard des dispositions légales, des résolutions du CPE et des orientations de la présente note est explicite à plusieurs égards: en matière de structuration des responsabilités, d'engagement d'une opération d'investissement ou de privatisation-partenariat, de négociation de la transaction, d'autorisation de transaction en matière de signature des accords, et de suivi de l'exécution des engagements souscrits.» Cette note s'inscrit en droite ligne des accords conclus entre la Centrale Ugta et le Chef du gouvernement. Elle confirme aussi que le préavis de grève de l'Ugta, contrairement à ce qui a été dit par certains, ne constitue en rien, une déclaration de guerre contre le Chef du gouvernement, et encore moins contre le Président de la République. Abdelhamid Temmar, parti quasi officiellement en guerre contre son Chef du gouvernement, au lieu de démissionner comme l'auraient exigé les usages démocratiques, aurait demandé audience au Président Bou-teflika afin qu'il intercède en sa faveur. Même si aucune information n'a filtré quant à cette rencontre, il ne fait quasiment aucun doute, aux yeux de nos sources, que la réponse de Bouteflika sera négative puisque le Chef du gouvernement ne fait qu'appliquer les instructions du Président Bouteflika, basées sur «un dialogue social responsable et constructif». Le même topo, du reste, est observé du côté du projet de loi sur les hydrocarbures. La porte-parole du gouvernement, Khalida Toumi, a confirmé lundi ce que nous écrivions citant des sources recoupées et sûres. Le gouvernement n'a jamais pris connaissance, et encore moins cautionné ce texte. Nous en avions pourtant obtenu copie il y a de cela quelques mois. Cela montre bien que Chakib Khelil, à l'instar de Temmar, aurait cherché à faire cavalier seul, à se doter de prérogatives dépassant de loin son statut de ministre de la République, induisant en erreur certains médias qui, il faut le dire, ne demandaient rien moins qu'à chercher des indices, aussi invraisemblables soient-ils, pour opposer le Président Bouteflika à la Centrale Ugta en prévision de la présidentielle de 2004.