Le temps semble avoir fini par donner raison à l'Algérie dans sa position vis-à-vis de la directive gaz européenne, cette loi adoptée par l'Union européenne, il y a plus d'une année de cela et qui officialise la libéralisation du marché européen du gaz, compromettant du coup l'avenir des contrats d'approvisionnement de longues durées contractés par les pays du sud du Vieux continent avec le fournisseur Algérie. Dans la foulée, ce sont tous les projets d'interconnexion énergétique entre l'Algérie et le sud de l'Europe (Medgaz et Galice) qui ont été contrariés. C'est du moins la lecture que suggère la teneur des déclarations faites lors du séjour de 4 jours à Alger de la vice-présidente de la Commission européenne et commissaire aux transports et à l'énergie, Mme Loyola de Palacio. En effet, la Commissaire européenne a invité, dès vendredi dernier, l'Algérie à «consolider sa position de fournisseur traditionnel d'hydrocarbures» du marché européen. L'Algérie est également appelée, par la même autorité européenne, «à participer activement à la nouvelle politique de l'UE en matière de stocks stratégiques de pétrole et de gaz naturel». Le ministre de l'Energie et des Mines, M.Khelil, qui s'est entretenu avec la commissaire européenne dès son arrivée à Alger, a, pour sa part, souligné «l'importance» de consolider les «interconnexions des réseaux de transport d'hydrocarbures existants pour les approvisionnements de l'UE à partir de l'Algérie et de faciliter la construction des nouvelles infrastructures destinées à satisfaire la demande croissante du marché intérieur gazier de l'UE». A propos de la coopération algéro-européenne en matière d'énergie, notamment les projets de gazoducs, d'interconnexion électrique, et de câbles sous-marins reliant l'Algérie à l'Europe, M.Lucio Guerrato, chef de la délégation de la Commission européenne en Algérie, avait indiqué, dès mardi dernier, que la question de la clause de destination contenue dans la directive européenne était entre les mains des spécialistes «chargés de trouver un compromis» avant d'ajouter que c'est «une manière de ménager les intérêts des deux parties». M.Khelil a ajouté à ce propos «Nous nous sommes mis d'accord pour continuer les discussions afin de trouver une solution acceptable pour les deux parties en tenant compte de l'intérêt de l'UE qui veut voir un marché ouvert, compétitif et transparent et protéger l'intérêt de l'Algérie pour assurer un équilibre financier aux contrats gaziers.» Par ailleurs, ce qui conforte ce rééquilibrage stratégique entre les deux parties, c'est l'étude de la possibilité de réaliser des oléoducs pour transporter du pétrole algérien vers l'Europe, annoncée par M.Khelil et Mme de Palacio. Ces oléoducs vont permettre d'acheminer le pétrole sur le marché européen «dans des conditions de sécurité» notamment après les récents accidents de pétroliers en Méditerranée. Enfin, Il y a lieu de s'interroger si l'appui accru des USA à la nouvelle politique énergétique de l'Algérie, recentrée sur le gaz, n'ait pas un rapport avec l'évolution très significative de la commission de Bruxelles en faveur de l'Algérie.