L'entraîneur national vient de faire des vagues en s'adressant à un journal de son pays. Dans une interview accordée au magazine belge Sport magazine football magazine paru le 5 février dernier, Georges Leekens porte un regard des plus critiques sur le football algérien et son organisation. Il affirme ainsi: «Je ne m'imaginais pas que ce serait aussi dur. Il n'y a aucune organisation. Nous avons dû rouvrir des lignes téléphoniques, veiller à ce qu'il soit à nouveau possible de joindre la fédération par fax et modifier certaines choses. Nous n'avons même pas de femme de ménage». Plus loin, il ajoute: «Certains joueur, qui évoluent à l'étranger, ne voulaient plus venir parce qu'ils n'étaient pas assurés, parce que leurs billets d'avion n'avaient pas été réservés et qu'ils devaient les payer eux-mêmes, parce qu'il y avait du retard dans le versement des primes ou parce que les conditions d'entraînement étaient exécrables.» Rien de bien nouveau dans ces déclarations. L'entraîneur belge n'a fait que dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, à savoir que notre football avait atteint ces dernières années un seuil intolérable en matière de carences. Ce qu'il faut, par contre, se demander, c'est si Leekens avait le droit de parler ainsi. Rappelons qu'il n'y a pas si longtemps, l'EN avait un autre entraîneur du nom de Rabah Madjer. Ce dernier a été limogé non pas pour insuffisance de résultats mais pour une fausse interview reproduite par un quotidien belge, interview également basée sur la mauvaise organisation du football algérien. Bien que le journal belge ait reconnu sa faute, avoué que Madjer n'avait jamais été interviewé par un de ses représentants et qu'il ait présenté ses excuses tant à l'intéressé qu'à la FAF, la fédération de football a prié l'entraîneur national de quitter son poste. L'affaire est d'ailleurs en justice. Concernant Leekens, faut-il s'attendre à ce que la même sanction lui soit appliquée? Impossible de le croire, car la FAF, consciente d'avoir commis une énorme bévue en limogeant Majder - bévue qui pourrait lui coûter près de 2 milliards de centimes - ne va pas se risquer à tenter le diable en démettant Leekens. A plus de 20.000 euros par mois sur les deux ans à venir, cela pourrait faire exploser le compte en banque de la FAF. Et Leekens est explicite dans ses dires, à savoir qu'il ne s'attaque pas à l'organisation de l'EN depuis Madjer, mais celle qui a prévalu après le départ de celui-ci. «Depuis le départ de Madjer, plus rien n'a été fait». On comprend par là que le Belge s'attaque à toute l'organisation qui entoure l'EN et qui dit organisation, dit Mohamed Laïb, le vice-président de la FAF qui est, également, le directeur de cette EN. Ce même Laïb qui est allé à la recherche de Leekens, avec qui il a négocié le contrat le liant à la FAF et qui a fini par l'inciter à signer. Leekens s'attaque même aux entraîneurs algériens concernant le domaine de la prospection du temps où Zineddine Zidane était jeune. Il est indéniable que le Belge a tort dans cet épisode car ce ne sont pas tous les entraîneurs algériens qui étaient au courant de l'existence de Zidane pour dire qu'«il fallait mettre une croix sur lui parce qu'il était lymphatique». Le regard doit se poser sur ceux qui géraient le domaine technique au niveau fédéral et des EN à l'époque.Toujours est-il que le Belge généralise et a manqué de réserve. Ceci pourrait soulever le tollé de ses collègues algériens qui, on le sait, n'aiment pas qu'on les «chatouille» sur leurs compétences. La balle aujourd'hui est, incontestablement, dans le camp de la FAF et notamment celui de Laïb puisque c'est lui qui est visé. Il ne fait pas de doute que le Belge va être réprimandé et invité à ne pas trop s'exprimer avec les journalistes. La méthode est connue. Cependant, aux yeux de l'opinion publique, la FAF pourrait se discréditer comme elle l'a été dans l'affaire Hannachi, le président de la JSK, qui a largement dépassé les règles de la bienséance mais qui n'a pas, du tout, été touché.