Une guerre dont les conséquences risquent fort de réduire à néant tous les efforts consacrés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale à maintenir la paix dans le monde. Selon le désir de George W.Bush et des va-t-en guerre qui le soutiennent dans sa «logique de guerre», comme Donald Rumsfeld, c'est aujourd'hui, en principe, que l'Amérique devra décider de franchir le pas pour se lancer dans l'aventure irakienne ou non. Un dernier sondage publié hier par l'Agence France Presse indique que malgré l'intensification de la propagande US de ces dernières semaines, la plupart des pays européens, de la France à la Croatie en passant par l'Espagne et l'Italie sans oublier l'Angleterre où pourtant le gouvernement de Tony Blair campe l'archétype de l'allié fidèle à Washington en toutes circonstances, la majorité des opinions publiques exprimées de ces pays ne souscrit aucunement à la guerre que l'Administration Bush projette de déclencher contre l'Irak. Une guerre, faut-il le rappeler, dont les conséquences risquent fort de réduire à néant tous les efforts consacrés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale à maintenir la paix dans le monde. Les colonialismes ayant connu les limites de leur influence dans le tiers-monde dans les années 60 furent balayés par le réveil des peuples asservis. Depuis, pour nombre d'observateurs, Washington qui, outre l'appellation de gendarme du monde dont il n'a jusqu'ici jamais contesté l'attribution, s'est retrouvé seul à «diriger le monde» sur la base d'une vision qui ne lui a jamais permis de s'affranchir de sa culture esclavagiste et d'un quant-à-soi digne des grands empires du passé. Malgré la guerre du Viêt-nam qui l'a forcé à reconnaître, à sa composante noire, la jouissance de ses droits civiques pleins et entiers pour justifier les pertes que cette dernière avait subies au Viêt-nam, Washington ne s'est, à vrai dire, jamais départi de ses relents de traite des esclaves qui, aux yeux des riches américains blancs, font la supériorité de leur pays, même si le protocole en vigueur dans les rouages de ses administrations interdit qu'on s'en réclamât ouvertement. Cela étant dit, il faut reconnaître que l'écroulement du mur de Berlin a projeté la planète dans un monde unipolaire sur lequel des pays comme la France, la Chine et par intermittence la Russie, à cause de la Tchétchénie, ventre mou de sa carapace, ne sont pas pour autant d'accord quand, à mots couverts ou dans des déclarations publiques, ne cessent d'en appeler à un retour rapide au vieux réflexe du contre-pouvoir qui, dans la mécanique des grands équilibres, s'appellerait le monde multipolaire. Position de l'Amérique sur cette question? On sait que Bush abhorre ce type de projet dans la mesure où, s'il était remis en vigueur, pourrait freiner l'expansionnisme américain et notamment la manifestation d'une volonté sans feinte de sa part d'accaparer à tout prix les marchés mondiaux au nom du concept de la globalisation. A Porto Alegre, les manifestants ne se sont pas opposés à la mondialisation seulement, mais aussi au forfait que Bush voudrait commettre contre l'Irak parce que c'est un pays arabe qui, depuis un peu plus d'une trentaine d'années, n'a jamais voulu se soumettre comme tant d'autres pays arabes au diktat américain notamment sur la question de la Palestine. Aujourd'hui, l'Irak a sans doute besoin d'un changement de régime dont les projections politiques n'auraient pas le droit d'outrepasser les limites du bon voisinage. Un point sur lequel le monde entier est d'accord. Mais ce à quoi l'opinion mondiale est contre c'est sur la manière que George W.Bush se propose d'agir pour régler le problème irakien obsédé qu'il est par «l'existence» d'armes de destruction massive dans ce pays que les inspecteurs, chargés de désarmer Bagdad, n'ont pas réussi à dévoiler jusqu'ici. Jamais projet guerrier n'a été si fermement contesté par les mouvements pacifistes depuis l'appel de Stockholm de 1950 contre la fabrication et l'emploi des armes thermonucléaires. Alors M.Bush qu'attendez-vous pour ordonner à vos armées de rentrer au bercail?