La guerre en Irak a provoqué la faillite des républicains aux élections parlementaires américaines. Dorénavant, George W. Bush — qui vient de se voir infliger sa première défaite en six ans — devra composer avec l'opposition démocrate dans la conduite de sa politique. Le président américain semble, d'ailleurs, avoir si bien saisi la nouvelle donne induite par le scrutin de mardi qu'il n'a pas hésité à tendre la main aux démocrates et à solliciter leur aide dans la lutte contre le terrorisme. Ces derniers, malgré les critiques acerbes proférées à l'égard du locataire de la Maison-Blanche, ne devraient, toutefois, pas refuser cette offre. Pour preuve, aucun des ténors du camp des démocrates n'a, pour le moment, franchi le pas pour proposer, par exemple, de couper les crédits de financement de la guerre contre l'Irak. Et si à travers leur vote les Américains ont exprimé un fort désir de changement, il apparaît, d'ores et déjà, peu probable que les démocrates deviennent, dans l'immédiat, l'instrument du changement attendu. A ce propos, il est utile de rappeler que durant leur campagne, les démocrates n'ont pas pris de position tranchée sur l'Irak. Pour donner une illusion de changement aux électeurs américains, ils ont exigé, néanmoins, la tête du secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld. Le départ de celui-ci semble être aussi la condition posée par les démocrates à Bush pour accepter le principe de ne pas trop contrarier sa politique. Ce vœu (le départ de Rumsfeld), réitéré, hier, par celle qui est présentée comme la prochaine présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, a fini par être entendu et exaucé puisque George W. Bush a annoncé la démission de son secrétaire à la Défense et son remplacement par l'ancien directeur de la CIA, Bob Gates. Pour beaucoup, Donald Rumsfeld était considéré comme le chef de file des faucons qui ont « travaillé » au corps George Bush pour engager les Etats-Unis dans une seconde guerre contre l'Irak. « Je crois que le Président doit signaler un changement de direction. Une bonne façon pour commencer serait de faire ce que réclament non seulement les démocrates, une large partie des Américains, mais encore les militaires, c'est-à-dire de changer la direction du Pentagone. Cela signalerait une ouverture à des idées nouvelles », a indiqué Mme Pelosi dans son appel lancé, hier, demandant la démission du secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld. Par-delà la question de savoir quelle sera, à l'avenir, la nouvelle politique du Pentagone, les observateurs s'étaient accordés, hier, sur le fait que le large vote en faveur des démocrates peut difficilement s'interpréter comme un mandat pour une solution précise en Irak. Cette nuance est à ce propos perceptible dans le discours des démocrates. Et si effectivement le consensus milite en faveur du changement de stratégie, certains, comme le chef du parti démocrate, Howard Dean, ont, néanmoins, réfuté que les démocrates réclament un retrait pur et simple. « Notre position est que nous n'aurions pas dû être en Irak, en premier lieu. Maintenant, il faut trouver un moyen de s'en sortir », a dit M. Dean, ajoutant : « La mission n'est pas de garder le cap. La mission est de trouver comment se dégager d'une très mauvaise situation. »