L'administration républicaine engage aujourd'hui un combat incertain pour conserver la majorité au Congrès. Les élections générales américaines, qui interviennent à mi-mandat du locataire de la Maison-Blanche, ne pouvaient plus mal tomber pour le président Bush en butte à maints problèmes, tant de sécurité interne que de gestion liés à la guerre en Irak devenue de plus en plus impopulaire dans l'opinion publique américaine. De fait, les sondages donnaient, hier encore, une large victoire pour le camp démocrate qui, sans doute, n'en demandait pas tant. En réalité, la gestion, à tout le moins calamiteuse, de la guerre en Irak, a fini par avoir des conséquences qui risquent d'être négatives pour la suite du mandat du président républicain, George W.Bush, aujourd'hui bien seul, lorsque d'anciens alliés parmi les faucons -qui ont pourtant porté à bout de bras la guerre contre l'Irak- se sont retournés contre lui. L'annonce du verdict condamnant à mort par pendaison l'ancien président irakien, Saddam Hussein, enregistrée comme une victoire morale pour Bush et les tenants de la guerre, a certes enrayé quelque peu la chute dans les sondages du camp républicain, il n'en reste pas moins que cela semble bien tard et que ce dernier a peu de chance de redresser la barre à quelques heures de l'échéance électorale de ce 7 novembre. De fait, selon un sondage paru samedi dans le magazine Newsweek, une majorité d'Américains (53%) affirment souhaiter voir l'opposition démocrate prendre le contrôle du Congrès, et pour un tiers (32%) la situation en Irak reste la préoccupation majeure qui pèsera sur leur vote au cours du scrutin d'aujourd'hui lors duquel la totalité des 435 sièges de la Chambre des représentants sera à pourvoir de même que le tiers des 100 sièges du Sénat, enfin le renouvellement des mandats des gouverneurs de 36 Etats. Par ailleurs, la popularité de George W.Bush reste faible, indique un sondage du même magazine, selon lequel 35% des Américains approuvent son action, contre 37%. En fait, le président George W.Bush a tenté, tout au long de ces derniers jours, de remobiliser ses partisans notamment l'électorat conservateur dans l'espoir de sauver ce qui pouvait l'être encore, une majorité de gouvernement. Majorité qu'il risque de perdre dès aujourd'hui au profit des démocrates qui ont actuellement le vent en poupe. En fait, ces élections de mi-mandat tombent au plus mauvais moment pour l'hôte de la Maison-Blanche confronté à une recrudescence de la violence en Irak, avec en sus la mort de 104 soldats américains durant le mois d'octobre, un bilan considéré comme l'un des plus sanglants pour l'armée américaine depuis l'invasion de l'Irak en mars 2003. Comme un malheur ne vient jamais seul, M.Bush a dû essuyer un nouveau revers avec le retournement de quelques uns de ses alliés qui ont été parmi les plus acharnés des néo-conservateurs à pousser à la guerre et qui en contestent, eux-aussi, maintenant le bien-fondé, renforçant ainsi le camp des anti-guerre qui s'élargit de plus en plus aux Etats-Unis. De fait, Richard Perle, conseiller au Pentagone, au moment de l'attaque contre l'Irak, et le plus déterminé des néo-conservateurs à abattre le régime de Saddam Hussein, a déclaré, récemment au magazine Vanity Fair: «Je crois que si j'avais été devin, si j'avais su où nous en sommes aujourd'hui et si les gens avaient demandé: «Devons-nous aller en Irak?», je crois aujourd'hui que j'aurais probablement dit: «Non, envisageons d'autres stratégies». C'est dire les dégâts que la guerre contre l'Irak a fait dans les rangs des Républicains qui ne peuvent aujourd'hui qu'en constater les préjudices. De son côté, Kenneth Adelman, ancien haut conseiller lui aussi, estime que le président Bush, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et d'autres ténors de l'administration républicaine «se sont révélés être parmi les équipes les plus incompétentes d'un après-guerre». Dans cette atmosphère à tout le moins délétère, le président américain, George W.Bush, tente, vaille que vaille, de limiter les dégâts en continuant à défendre une stratégie aujourd'hui dénoncée y compris par d'éminents politiciens qui lui étaient pourtant très proches. Samedi dernier, le président Bush a encore défendu sa stratégie en Irak, indiquant dans un ultime baroud d'honneur, dans l'espoir de conserver sa majorité, que «beaucoup de nos concitoyens sont légitimement inquiets à propos de l'Irak, mais ce que l'ennemi ne comprend pas, c'est que cette administration et des millions d'Américains ne vont pas fuir devant les voyous et les assassins» et d'indiquer, en en une sorte d'appel à la conscience nationale, lors d'une réunion publique à Greeley (Colorado) que «notre objectif en Irak, c'est la victoire» avant d'ajouter «je n'enverrais pas ceux qui vous sont chers sur le théâtre (d'opérations) si je ne pensais pas que nous allons gagner». Mais sur le terrain miné de l'Irak ce n'est pas aussi évident alors que les faits n'ont cessé de le contredire. Et une défaite électorale, George W.Bush a des chances d'être le seul à en assumer les retombées qui risquent d'être négatives pour les Républicains dans la perspective de la présidentielle de 2008.