Dans un nouvel ouvrage intitulé L´ordre et le désordre, qui vient de paraître aux éditions Casbah, Nourredine Toualbi-Thaâlibi, écrivain-psychanalyste, ancien recteur de l´université d´Alger, s´interroge sur «la question lancinante de savoir pourquoi l´Algérie, dont on dit qu´elle est aujourd´hui riche de plus de 50 milliards de dollars de réserves de change et qui s´enorgueillit d´être une nation chargée d´une histoire dense et plurielle, ne parvient toujours pas, quarante années après son indépendance nationale, à ´décoller´´ économiquement, à se structurer sociologiquement et à s´organiser politiquement.» Ramant à contre-courant des points de vue traditionnels, qu´ils soient économiques ou politiques, l´essayiste tente de répondre à cette interrogation sur «la mauvaise gouvernance» en explorant d´autres pistes que les arguments conventionnels. Ce faisant, il ausculte les paramètres de la confusion identitaire qui découle des mythes fondateurs de l´Algérie indépendante, entre mystification idéologique et dégradation symbolique, pour en arriver à l´examen des paradigmes de la crise qui mine, en profondeur, la personnalité de base algérienne. N´hésitant pas à rapporter la problématique des suicides multiformes aux errements des diverses politiques nationales qui opèrent selon un «facteur paradoxal d´immobilisme et de dérèglement social», alors que les autres pays gèrent la variable jeunesse comme un facteur critique de planification des dynamiques socio-culturelles, Nourredine Toualbi confronte les éléments théoriques de l´ordre avec les éléments sociologiques du désordre républicains, pour observer que, fondamentalement, la question de la gouvernance est à inscrire entre l´exigence de la légitimité politique et celle de la crise de rationalité, si caractéristique des mutations algériennes.