Il use du même discours religieux que les forces américano-britanniques. Aussitôt lu par son ministre de l'Information, M.Mohamed Saïd Al-Sahhaf, aussitôt examiné, disséqué et commenté par ses adversaires américano-britanniques, le discours du président Saddam de cette semaine n'est pas passé inaperçu et n'a pas laissé indifférents analystes et observateurs. Mais beaucoup se sont attardés plus sur la forme de sa présentation que sur son contenu. Pourtant, ce discours, le troisième depuis le déclenchement du conflit, paraît significatif tant par sa charge textuelle que par le contexte des opérations militaires sur le champ de bataille dans lequel il intervient. S'agissant du premier aspect, il faut mentionner que l'allocution de Saddam ne fait que suivre la même rhétorique que celle de ses rivaux anglo-américains qui, publiquement, justifient leur intervention militaire dans le Golfe par des considérations religieuses et confessionnelles, le Congrès US ayant même décrété et conseillé une journée de jeûne au peuple américain pour encourager les troupes engagées dans la guerre contre l'Irak pour remporter la victoire. Le chef de l'Etat irakien, un régime en principe laïque, ne s'est pas fait prier pour emprunter la même voie de galvanisation des foules irakiennes, de son armée et de la rue arabe. Ainsi, s'appuyant sur les pauses forcées des forces coalisées dans le désert irakien, il a appelé ses compatriotes à combattre «les envahisseurs» en leur promettant une nouvelle fois la «victoire» finale. «Défendre la religion, l'honneur et les principes face aux envahisseurs est une opportunité qu'il faut saisir», a-t-il ajouté. Vite assimilé à un appel au «djihad» par rapport aux concepts de «croisade» et de «mission divine» déjà prononcés publiquement par le président américain, mais sur lesquels aucun commentateur n'a trouvé à redire, le débat sur ce énième discours du président irakien a rapidement été orienté vers des spéculations relatives au pourquoi de l'absence du chef de l'Etat irakien des écrans de télévision et, partant, de sa disparition de la scène. En un mot il serait mort. Or, les spécialistes de la guerre psychologique et de la manipulation des médias savent depuis longtemps que plusieurs fois par le passé, des discours du dirigeant irakien ont été lus par ses proches collaborateurs. Autrement dit, après une quinzaine de jours d'hostilités militaires, les stratèges et autres «experts» de ladite coalition n'ont pas évolué d'un pouce dans leur analyse du régime irakien. Comme aux premiers jours du conflit où ils ont très vite laissé entendre qu'ils ont décapité ce dernier par le haut, ils prennent toujours leur désir pour la réalité en espérant qu'une absence des plateaux TV peut être assimilée à une mort «probable» du premier responsable d'un pays toujours débout et qui, de surcroît, n'a, jusqu'à présent, et selon ce discours de Saddam, engagé que «moins du tiers» des forces armées dans sa résistance aux forces américano-britanniques. Logiquement donc, le toujours président de l'Irak n'a pas besoin d'apparaître en public à la moindre occasion, surtout en pleines opérations militaires. Et s'il est caché, comme on le laisse entendre, dans un bunker qui peut résister, selon l'architecte allemand, Karl Bend Esser, qui l'aurait conçu dans les années 80, à toute sorte de chocs et à des températures atteignant 300 degrés, excepté une attaque à la bombe atomique. Les coalisés iront-ils jusqu'à cette terrible extrémité, eux qui ont déjà usé de cette arme contre la ville japonaise d'Hiroshima un certain mois d'août 1945?