Nous voulions avoir une vision objective sur les problèmes du pays dans un territoire neutre, auprès d'une population neutre n'ayant pas été affectée par les campagnes de manipulation qui nous brouillent l'esprit à Alger. «Si nous faisons des calculs économiques, on ne réalisera rien dans cette région». C'est la déclaration de M.Seddiki Mostafa, directeur de la planification et de l'aménagement du territoire au niveau de la wilaya d'Adrar. Le responsable faisait allusion à la ville de Bordj Badji Mokhtar, qui a accueilli récemment la deuxième personnalité algérienne depuis l'indépendance. Il s'agit de M.Ben Aïssa, ministre délégué chargé du Développement rural. La visite est hautement symbolique. «Les fonds de l'Etat doivent bénéficier à tous les Algériens sans exception où qu'ils soient», nous dit-on. C'est une démonstration purement politique qui vise à récupérer des esprits lointains dans l'espace et dans le temps. La région a été délaissée depuis toujours, livrée à son sort et au perpétuel spectacle de la misère. Dans le programme officiel de cette visite s'inscrivaient la pose de la première pierre d'un regroupement familial, la réalisation d'un forage et la mise à niveau par concession de 50 ha, autant de projets symboliques de portée hautement politique. Le message étant de dire qu'Alger se réveille enfin, et se rappelle qu'à 1300 km de la capitale, survit un peuple oublié. Et afin de ne plus perdre de vue cette terre, la ville va bénéficier d'un projet pour la réalisation d'un aéroport dont le montant s'élève à 250 milliards de centimes. Le désenclavement de la région est en cours à travers la réalisation d'une route reliant Adrar à Bordj Badji Mokhtar via Regane. Le projet coûtera plusieurs milliards de centimes, selon les chiffres officiels. Mais objectivement à quoi pourrait servir le désenclavement d'une zone déshéritée, dépourvue de toute infrastructure de vie. M.Seddiki rebondit sur la théorie des calculs politiques. A inclure dans le cadre de cette théorie un fonds spécial au profit de toutes les zones frontalières.