La disparition de cette compagnie sera durement ressentie par plusieurs secteurs de l'économie nationale. Le coup du sort qui s'abat sur la compagnie privée, âgée de cinq ans, risque d'avoir de fâcheuses conséquences sur les voyageurs qui commencent à peine à apprécier le confort de l'Aigle bleu. A commencer par la circulation des personnes à l'intérieur du pays. Le retrait de pas moins de 40 avions ( la flotte de Khalifa Airways ) du paysage de la navigation aérienne induira nécessairement la suspension de centaines de dessertes. Il faut s'attendre à un retour à la situation d'avant 1999 caractérisée par un total marasme, lors des déplacements à l'intérieur du pays. Des passe-droits, des chaînes et des fiches d'embarcation fantoches étaient le lot quotidien des voyageurs doublés du stress des retards et des pénuries dans les dessertes. Cela sans compter l'effet de frustration qu'induira le retour à la case départ des régions désenclavées par les avions de Khalifa Airways comme Oran, Béjaïa, Sétif, Constantine, Laghouat, Biskra...Les pouvoirs publics ont-ils prévu des mesures et des dispositions à même d'éviter ce dramatique retour à la case départ? La question est d'autant plus pertinente quand il s'agira des dessertes internationales. L'été pointe à l'horizon; comment pallier le déficit créé par le retrait des avions de Khalifa Airways, sachant qu'une forte communauté nationale à l'étranger s'apprête à rejoindre le pays pour y passer ses vacances? Les voyageurs vont-ils alors se rabattre sur les bateaux qui relient les deux rives de la Méditerranée. Le palliatif n'est pas évident en ce sens que le flux entre les deux rives est très dense en été. A elle seule, la desserte Paris-Alger compte pas moins de 400.000 voyageurs par an. Là aussi on risque de retomber dans la situation qui a régné durant les années 95 et 97. Les émigrés algériens subissaient un véritable calvaire pour regagner le pays. Il faut noter qu'à l'époque, la situation s'est compliquée par la suspension, durant la fin de l'année 1994, des vols d'Air France. Pourtant, cette dernière a réalisé, sur la même ligne et durant la même année, un bénéfice net de 200 millions de francs. Si l'inquiétude commence à s'emparer de la communauté algérienne à l'étranger, les agences de voyage sont en plein dedans. Avec la chute de l'Aigle, le tourisme ressentira un coup dur. Le Sud algérien attire annuellement plus de 20.000 touristes et Khalifa Airways a été pour quelque chose dans la relance du flux touristique. En décembre 2002, une vingtaine de tour operators, venus d'Allemagne, de France et de Suisse, se sont rendus à Tamanrasset, grâce à cette compagnie, pour prospecter les sites. Après, 18.000 touristes étaient attendus au Sud, uniquement pour l'année 2003. Un manque à gagner pour les populations locales pour qui le tourisme constitue la première source de revenus. Il faut signaler au passage que les trabendistes vont aussi subir un coup dur dans cette affaire. Cette clientèle représente environ la moitié des passagers de Khalifa Airways et 80% de son chiffre d'affaires. Désormais, les trabendistes n'auront plus les avantages qu'offrait la compagnie privée : des tarifs promotionnels et des horaires tardifs ; la compagnie fermait également les yeux, quand le vol n'est pas complet, sur la réglementation en vigueur qui autorise un maximum de 25 kg de bagages. Mais ce n'est pas pour autant que les trabendistes vont disparaître avec la même célérité que Khalifa Airways, les promoteurs trouveront vite la parade nécessaire. C'est même une certitude !