L'assurance a un impact certain et très appréciable sur les finances du pays. Seize compagnies d'assurances, quelque 1300 agences dans le pays, c'est là un réseau financier qui draine plusieurs milliards de dinars qu'il serait intéressant de recycler dans l'investissement en Algérie. Le marché des assurances est libre depuis dix ans, une période suffisante pour que les professionnels épuisent les possibilités de développement offertes au secteur par l'ouverture institutionnelle. En six ans (1996-2001), onze compagnies nouvelles ont été agréées dont sept privées ou à capitaux privés. Durant cette période, le chiffre d'affaires du marché des assurances a évolué de 13,6 milliards de dinars en 1995 à 36,9 mds/da en 2004, soit un accroissement nominal de 172,1% en neuf ans ou de 11,8 % en moyenne annuelle. Il est espéré un triplement du chiffre d'affaires d'ici la fin de l'année, c'est-à-dire au terme des 10 ans d'existence du CNA. Le chiffre d'affaires du secteur a atteint, au cours du premier semestre 2005, 22,6 milliards de dinars contre 20,8 mds/da au cours de la même période en 2004, soit une évolution de 8,6%. Les assurances automobile et des personnes se taillent la part du lion avec respectivement un taux de croissance de 42,4% et de 19,6%. Présentant le CNA, lors d'un entretien accordé au journal L'Expression, M.Abdelmadjid Messaoudi, secrétaire permanent secrétaire permanent du Conseil national des assurances (CNA), a indiqué que cet organe est présidé par le ministre des Finances Mourad Medelci. Avant de s'étaler sur la structure du CNA, Messaoudi a insisté sur le caractère culturel de l'assurance, qui fait hélas, défaut en Algérie, et sur l'aspect hautement civique de cet acte qui, outre l'assuré lui-même, protège aussi son prochain, son voisin, en un mot le citoyen en général. Composé des professionnels des 16 compagnies d'assurances existantes et regroupées au sein de l'UAR (Union algérienne des sociétés d'assurances et de réassurances), association (sorte de syndicat) des professionnels du métier d'assureur, le CNA se réunit tous les deux ans sous la présidence du ministre. L'UAR est représentée au sein du conseil par quatre membres, les agents généraux d'assurances par un membre comme le sont les courtiers d'assurances alors que les assurés, personnes morales, sont représentés par l'intermédiaire de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci), les personnes physiques n'y sont pas représentées pour le moment. Prié d'expliquer cette absence, Messaoudi, déplorant un certain manque de communication, dira qu'il est très difficile de passer le message et de rester en contact permanent avec ces acteurs locaux disséminés à travers tout le pays. Le CNA compte également parmi ses membres permanents des représentants des pouvoirs publics : la Banque d'Algérie, à double titre, pour gérer les aspects financiers du Conseil et en tant que gestionnaire des crédits à risque et les cadres et personnels du secteur. Les risques assurables doivent répondre aux lois statistiques et l'assurance crédit. Un service très spécialisé doit répondre pour sa part à des critères qui puissent générer le portefeuille du client. Il faut aussi distinguer, a-t-il dit, l'assurance économique de l'assurance sociale. L'assurance économique revêt un cachet privé qui découle d'un contrat individuel pour lequel l'assuré jouit de la liberté de négocier son contrat. Il peut également s'assurer pour une retraite rémunérée ou pour la couverture des soins à titre personnel d'une façon similaire à l'assurance sociale des travailleurs. La seconde, sociale, obligatoire pour tous les travailleurs, est destinée à protéger le travailleur contre les arrêts de travail, pour faire face aux besoins de santé et d'assurer un pécule de «survie» un tant soit peu confortable lors d'une maladie ou une incapacité de travail partielle ou totale. Elle peut même prendre en charge des soins à l'étranger ou cures recommandées par le médecin traitant, des analyses, des radios ou même des vacances programmées aux enfants des travailleurs, quoique ces dernières prestations sont du ressort des oeuvres sociales en général... Des obstacles freinent l'expansion des assurances A la question de savoir si l'assurance est chère en Algérie, le secrétaire permanent du CNA dira, à titre d'exemple, que «l'assurance est moins élevée au Maroc, en termes de chiffre d'affaires car le taux de pénétration rapporté à la production intérieure brute est plus élevé que chez nous en Algérie, en soulignant toutefois que le PIB est plus élevé en Algérie qu'au Maroc». Il expliquera que l'assurance-vie dans ce pays voisin est plus dynamique que chez nous et le chiffre d'affaires en volume plus important. Bien qu'importante, la production du secteur se révèle encore plus qu'insuffisante comparativement aux résultats atteints dans les pays voisins tant en matière de taux de pénétration que de rémunération de capitaux. Prié d'expliquer ce phénomène de blocage, M.Messaoudi déplorera une foule d'obstacles qui se dressent, souvent par «méconnaissance», devant l'option d'assurances. Il rappellera que le dispositif algérien est régi par l'application stricte de la frédha, application dont bénéficient tous les héritiers. En Algérie, il n'existe pas de désignation d'un bénéficiaire post mortem désigné du vivant de l'assuré. Ailleurs dans le monde, les capitaux générés par l'assurance-vie ne sont pas héritables, ce n'est pas un capital successoral. Pour illustrer et appuyer l'impact des assurances sur le système financier du pays, le responsable du CNA dira que les assurances personnes et vie procurent des épargnes longues qui s'étalent sur 10, 20, 30 ans...générant ainsi des capitaux s'élevant à plusieurs milliards de dinars placés pour une longue période dans des circuits de rentabilisation économique forte et qui peuvent être recyclés dans le marché financier notamment. Des retours d'investissement peuvent ainsi, raisonnablement, être attendus et c'est pour cela que, comme cité plus haut, l'assurance contribue activement à l'investissement donc à la croissance du pays. Il y a lieu de déplorer par ailleurs l'absence presque totale de l'assurance épargne de courte durée (5 ans), ceci à défaut d'assurance-vie. Après le séisme de 2003 de Boumerdès, le président Abdelaziz Bouteflika avait ordonné la mise en place d'une assurance économique à caractère obligatoire contre les catastrophes naturelles, dispositif entré en vigueur dès le 1er septembre 2004. Ce faisant, le président avait résolument engagé l'assurance algérienne dans la modernité. En effet, l'Etat ne peut à lui seul assumer les conséquences désastreuses des catastrophes naturelles. Aussi, il convient de souligner que le caractère obligatoire de cette assurance, à la fois individuelle et collective, relève d'une attitude de prudence et d'anticipation sur les risques. Du reste, la couverture du risque de catastrophe naturelle n'est ni nouvelle ni au stade expérimental. Des pays comme le Japon, les Etats-Unis d'Amérique ou l'Italie, vivent normalement leur sismicité et disposent depuis longtemps de systèmes d'assurances spéciaux. Ce système se développe progressivement chez nous et vient en appui pour parer avec de nouvelles ressources aux insuffisances, si besoin est, de l'Etat, a-t-on indiqué au CNA. L'assurance agricole est contractée à titre privé, aucune obligation n'est émise pour. Cependant, un dispositif réglementaire a été instauré pour pouvoir bénéficier de l'aide de l'Etat à travers le Pndra (Plan national de développement rural et agricole). Il se trouve qu'à l'heure actuelle, les indemnisations ont été suspendues par le ministère de l'Agriculture qui n'est pas satisfait du processus adopté. Les fellahs n'ont pas, de leur côté, tendance à s'impliquer dans ce processus, qui, à leurs yeux, nécessite beaucoup de dépenses sans effets positifs immédiats. Le système de protection du fellah doit engendrer des réflexes de protection avant de recourir à l'indemnisation. Une étude est en cours pour mettre en place une assurance privée, au lieu d'un fonds public, qui puisse assurer le fellah avec l'aide de l'Etat. Cette nouvelle disposition pourrait voir le jour avant la fin de l'année en cours selon des indicateurs positifs relevés. Le courtier en assurances Un métier méconnu du public. Le courtier d'assurances est ce monsieur qui vient proposer au client le meilleur produit que l'agent d'assurances veut lui vendre. Une vingtaine de courtiers ou de sociétés de courtage, s'adonnent à ce travail de proximité sur tout le territoire national pour conseiller, aider et protéger le candidat à contracter une assurance quelconque qui corresponde au mieux à ses besoins et ses moyens. Le quatrième forum des assurances aura lieu les 28 et 29 novembre 2005 à Alger. Cette rencontre internationale biennale regroupera des professionnels de l'assurance, leurs partenaires gestionnaires des risques, des financiers et des juristes. Il sera notamment question de débattre des réformes institutionnelles des risques automobile et des risques naturels. L'assurance est d'abord une culture, c'est un acte de civisme qui protège et l'assuré et son prochain, souligne-t-on au CNA. A ce propos, un collègue journaliste avait eu la désagréable surprise de constater une fuite d'eau due à la rupture d'une conduite intérieure, invisible et inaccessible car passant à l'intérieur du vide-ordures collectif. Ce fâcheux incident a inondé le logement situé au-dessous du sien causant des dégâts relativement importants et fort onéreux. Cet heureux journaliste était assuré au titre de l'assurance-habitation contre les dégâts des eaux et autres incidents néfastes. Ce qui a conduit l'assurance à verser un dédommagement honnête et confortable au voisin du dessous, à son grand bonheur, afin qu'il entreprenne les travaux de réfection nécessaires pour colmater les dégâts causés par cette inondation involontaire. Cela pour la petite histoire (qui est vraie), mais aussi pour souligner que s'assurer est un acte de civisme pour se protéger soi-même et son prochain. Néanmoins, il est regrettable de rappeler que l'acte d'assurance en Algérie reste méconnu dans la pratique. D'ailleurs, ils sont rares les Algériens qui ont voulu contracter un contrat d'assurance contre les calamités naturelles devant l'absence totale d'une culture d'assurance.