La vieille ville est devenue un véritable dépôt d'ordures. La vielle ville que d'aucuns considéraient comme l'une des plus belles au monde, du point de vue de sa position stratégique et de ses merveilleux sites, est devenue par la force des choses, un véritable dépôt d'ordures, où les rats se le disputent aux chats et chiens errants. Que ce soit sur les hauteurs, ou vers la plaine, un spectacle désolant s'offre quotidiennement aux passants. Ici et là, un laisser aller est constaté. Pourtant l'opération «Béjaïa ville propre» a été bien accueillie par les riverains. De grands bacs poubelles ont été disposés au bas de chaque immeuble par les services d'hygiène de l'APC. Et depuis, nous assistons à une nette régression de sacs éventrés ou déversant leur contenu sur des trottoirs encombrés. N'empêche que les quartiers du vieux Bougie affichent toujours cet air triste d'immeubles délabrés, fissurés, et dont les façades à la peinture craquelée semblent d'un autre âge. Un peu plus haut, sur la route de Gouraya et au niveau du Quartier Sidi-M'hamed-Amokrane, c'est une véritable décharge publique qui s'offre aux yeux du visiteur. Le vieux cimetière tel un gouffre géant s'expose au vent et au soleil. Ici, le respect dû aux morts est quasi inexistant. Ou dirait que les habitant des alentours s'étaient donné le mot pour jeter leurs ordures dans ces lieux où reposent pourtant les ancêtres hammadites. Un détail de taille: ce cimetière qui ne possède ni portail, ni rempart, est devenu une prairie pour les moutons qui y broutent à l'aise et où les herbes sauvages poussent à satiété à longueur d'année et vont jusqu'à «enterrer» les tombes les plus anciennes. Cet endroit est devenu aussi un véritable lieu de rendez-vous pour les clochards et les drogués, qui peuvent donner libre court à leurs vices sans risque d'être dérangés. Depuis les dernières chutes de pluie, l'arrière-port de Béjaïa est devenu un véritable lac. Les employés des Entreprises de cet endroit, éprouvent un mal fou à traverser cette zone considérée à haut risque. Non seulement vos narines sont agressées par les odeurs toxiques (bitume, peinture, torréfaction de café, céréales,etc.) mais vous êtes aussi incommodés par les passages menant à cet endroit, et particulièrement la passerelle le reliant au centre-ville. Au niveau de cette dernière, en effet, le terrain est constamment inondé, si bien que les usagers doivent utiliser des pneus, des madriers ou des planches pour pouvoir traverser ces gigantesques flaques d'eau qui se forment à chaque chute de pluie. Béjaïa, où le géranium et le jasmin poussent librement à longueur d'année ; ville chantée par les artistes, et dont des poètes de renommé ont fait l'éloge, rejoint le rang des villes les plus sales, enterrant ainsi le célèbre slogan qui faisait la fierté de ses enfants.