Connue à travers les siècles et depuis sa construction par les Hammadites sous le nom de «Bab el Bahr», la Porte Sarrasine, constitue une des sept portes de Béjaïa. C'est plutôt la porte principale de la ville puisque les frégates de marchandises et les paquebots transitaient sous son arc pour accéder à la zone de mouillage. A l'époque où Béjaïa avait connu le summum du progrès et de la richesse, «Bab el Bahr» rehaussait le prestige de la ville par son architecture et dominait le front de mer par sa hauteur et son arcade. Elle constituait surtout cette «frontière solide» entre la ville et la mer. Poètes et troubadours chantèrent sa beauté et vantèrent son mérite en la décrivant comme une sirène sortie tout droit des profondeurs marines, pour monter la garde au seuil d'une ville prestigieuse comme Béjaïa. A l'époque coloniale, «Bab el Bahr» prendra le nom de «Porte Sarrasine». A la construction des quais portuaires, la Porte Sarrasine se voit éloignée de la lisière marine pour constituer quand même un terrain mitoyen au quai, avant de devenir une partie «sèche» qui conduira directement vers les hauteurs du «Vieux» Bougie. Jusque-là, les choses peuvent paraître normales, d'autant plus que Béjaïa, jalouse et fière de ses vestiges, se vantait de posséder sept précieuses portes et d'avoir la plus belle baie du monde, comme le disait si bien Guy de Maupassant. Aujourd'hui, la Porte Sarrasine, symbole de beauté et de légendes, souffre d'un manque d'hygiène et d'ordures et un laisser-aller criant. Devenue gare routière par la force des choses depuis quelques années, la porte de Béjaïa constitue le terminus du transport public et, de ce fait, se voit envahie quotidiennement par des badauds qui, ignorant tout devoir civique, ont fini par faire de ces lieux une décharge sauvage. Les Béjaouis sont sidérés par tant de négligence de la part des services concernés quant à l'entretien de cet endroit si cher à leur coeur. La sonnette d'alarme a tant de fois été tirée pour attirer l'attention sur cette situation qui va en se dégradant. Le lancement d'une gare routière pour le transport public interurbain prévu pour le mois d'août dernier, avait laissé espérer à plus d'un que la Porte Sarrasine finira par reprendre ses lettres de noblesse. Hélas, les événements qu'a connus Béjaïa, ont gelé plus d'un projet, dont ce dernier... Ainsi donc, la Porte Sarrasine «Bab el Medina» comme aiment à le préciser les Béjaouis, continue à subir la dégradation. A quand sa réhabilitation?