Des entreprises publiques gagnées par l´âge, sont proposées à la vente ou à la casse, et pendant ce temps plus de 70% des chômeurs ont moins de trente. C´est le diagnostic établi par le Cnes. Cela veut dire quoi, sinon que c´est la faillite du système économique mis en place en Algérie depuis le 5 juillet 1962. En ce jour anniversaire de la Fête de l´indépendance, cette réalité amère invite à réfléchir sur notre modèle économique. Sans aller jusqu´à jeter le bébé avec l´eau du bain, en sacrifiant sur le billot tout ce qui existe, on pourrait tout au moins se demander pourquoi la stratégie de plein emploi adoptée pendant longtemps montre aujourd´hui ses limites. Pourquoi est-ce que nos entreprises ne sont pas rentables et sont un boulet pour les finances publiques, pour ne pas dire des tonneaux des Danaïdes. Si diagnostic il y a, il pourra montrer les faiblesses d´un système qui ne parvient plus à répondre aux besoins de la croissance et de la création d´emploi. Pourquoi est-ce que des pays qui n´ont pas les potentialités et les ressources minérales et énergétiques de l´Algérie arrivent à s´en sortir et pas l´Algérie? Certains vont jusqu´à dire que le pétrole est une malédiction. C´est faux bien sûr. Le pétrole est bien une bénédiction, une source d´énergie et une recette en devises dont a besoin le pays pour équilibrer sa balance commerciale et faire tourner la machine économique. En revanche, l´utilisation qui est faite de cette recette pétrolière peut prêter à débat, surtout à controverse. On peut dormir sur un matelas de dollars et ne pas manger à sa faim, avoir des mouroirs à la place des hôpitaux, une quincaillerie à la place des entreprises, une bureaucratie paperassière à la place d´une bonne gouvernance, et pire que tout, une corruption qui est une hydre à sept têtes. La Fête de l´indépendance et de la jeunesse doit amener les responsables politiques du pays à se poser des questions sur ce qu´il y lieu de faire pour redonner de l´espoir à la jeunesse de ce pays, des verrous qu´il faut faire sauter dans le domaine du crédit bancaire, de la création de la petite entreprise et de la microentreprise, dans le secteur des services, du tourisme, du développement durable, de l´agriculture, de l´édition, de la communication, et lever toutes les entraves pour libérer l´initiative et la liberté d´entreprendre. Depuis 1999, le gouvernement ne cesse de louer les vertus de l´économie de marché, mais en continuant à la gérer de haut, et en laissant perdurer les anciens mécanismes bureaucratiques, de favoritisme, de freinage des quatre roues, de piston, de patinage artistique sur glace, de conduite dans le brouillard et nage en eau trouble. Dans tout cela, la chose la plus troublante encore, c´est l´autosatisfaction affichée par le gouvernement. Comme si le but n´était pas de faire avancer le pays, mais de se jeter des fleurs, en redoublant d´effort dans l´encensoir. Alors si le plan de relance économique de 55 milliards de dollars, surnommé à juste titre le plan Marshall, va dans les poches des bénis amis et des circuits informels, gonflant l´inflation et nourrissant l´hydre de la corruption, il est certain que l´Algérie ne se relèvera pas, et ce sont les générations futures qui en paieront les pots cassés. La dernière session du Cnes devrait donner l´exemple. Pourquoi ne pas réunir les assises des cadres de la nation, non pas pour pérorer, mais plutôt pour débattre en toute franchise de l´affectation à donner à ces 55 milliards de dollars, en toute transparence, sur la base d´un document établi à l´avance, et qui explique l´arsenal juridique et le dispositif de lutte contre le chômage?