Mon Dieu! Qu´il est dur le métier de billettiste! On ne peut pas pondre une phrase quelconque sans déclencher autour d´une incompréhension ou d´une lecture trop rapide, l´ire d´un nationalisme mal digéré! Alors que le métier de journaliste se borne souvent à la délicate tâche d´informer le lecteur, l´auditeur ou le téléspectateur d´un événement quelconque, en prenant bien soin de ne pas trop prendre parti et de conserver une neutralité dans un conflit malgré les sympathies que peut avoir l´auteur du reportage, l´éditorialiste, lui, doit analyser une situation donnée, faire une synthèse avec ses propres connaissances ou ses références culturelles et orienter le lecteur vers une certaine interprétation des faits. Le billettiste, lui, doit livrer chaque jour que Dieu fait un même nombre de signes autour d´un fait saillant ou d´un ensemble d´événements liés entre eux. Le billet peut s´inspirer d´un fait divers, de l´actualité politique ou diplomatique ou de réflexions provoquées par une tendance générale. Le billet est l´expression de l´humeur de son auteur: il n´est ni un exposé scientifique dans un domaine spécial (histoire, géographie, économie...) ni un manifeste politique quelconque. Qu´il prenne la forme d´un conte, d´une fable ou d´une simple interrogation, il ne peut qu´exprimer les interrogations de son auteur sur la nature des faits qui ont retenu son attention. Il faut préciser que l´interrogation est permise dans les pays de droit et qu´elle est différente de l´affirmation qui ne peut être exprimée que par une voix autorisée. Le billet n´est pas un témoignage, mais il peut interpeller le lecteur, à l´occasion de faits d´actualité, rappeler des antécédents historiques ou attirer l´attention du lecteur sur l´enchaînement, pas toujours gratuit, de certains événements. Cependant, il faut que le lecteur fasse, de son côté, l´effort de lire d´abord littéralement le texte, puis ensuite, il peut se permettre d´interpréter les allusions et relever les erreurs, les inexactitudes ou la mauvaise foi de l´auteur. Prenons l´exemple de «Lobby ou not lobby» qui m´a valu les précisions et les mises au point empruntes de tact et de diplomatie de la part de nationaliste égratigné. «Lobby ou not lobby» n´est qu´une interrogation sur une actualité donnée en référence au célèbre doute qui a saisi Hamlet, le héros très shakespearien avec son «To be or not to be». Ceci dit, il faut rappeler que les lobbies existent dans tous les pays: ils peuvent être intéressés ou désintéressés selon la nature des acteurs qui animent ces mouvements. Il est naturel qu´il y ait des lobbies en faveur des pays amis de l´Algérie: c´est-à-dire, les pays qui les ont soutenus durant les diverses guerres que cette région du monde a connues. Faut-il rappeler que l´Arabie-Saoudite est le premier pays musulman à reconnaître le FLN et la légitimité du combat du peuple algérien alors qu´au même moment un autre pays musulman figurait parmi les pays avancés dans la stratégie de l´Otan, organisation qui soutenait l´effort de guerre de l´armée colonialiste. Cependant, l´Algérie sera éternellement reconnaissante aux peuples de Yougoslavie qui ont soutenu l´Algérie dans sa lutte de Libération. Le peuple algérien a manifesté une sympathie pour la révolution anti-impérialiste qui a eu lieu en Iran. Cependant, l´attitude de l´Algérie peut évoluer et évolue en fonction des comportements du gouvernement iranien. Si demain, l´Iran procède à des manoeuvres militaires conjointement avec l´armée israélienne, le peuple algérien aura instinctivement un réflexe de rejet. Quand je dis «être à la pointe de la technologie», «être à la pointe» signifie pour moi être parmi les deux ou trois premiers pays maîtrisant cette technologie. La Chine produit beaucoup de véhicules grâce au phénomène de la mondialisation et du coût excessivement bas de sa main-d´oeuvre, mais la Chine n´est pas «à la pointe» de la technologie automobile. Pour conclure, je tiens à rassurer les lecteurs, que malgré mes élucubrations, Mirou ne fait pas partie d´un quelconque lobby anti-truc. Je m´interroge, c´est tout!