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Histoires vraies
Sous les rosiers jaunes (4e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 09 - 01 - 2004

Résumé de la 3e partie La mère, pour ne pas effrayer le grand frère et pour ne pas le culpabiliser à 3 ans, a menti.
Mais? son frère était mort, vous étiez bien obligée un jour de le lui dire ! Non? Non? J?ai tout arrangé, voyez-vous. Je ne sais pas où j?ai pris ce courage, mais je l?ai fait. Il fallait le faire. J?ai tout enlevé de la chambre, le berceau brûlé et les affaires du petit. j?ai pris mon bébé, je l?ai enveloppé dans un drap, et je l?ai couché dans une petite caisse de bois que j?ai bien nettoyée et recouverte de tissu. Ensuite, je l?ai caché pour la journée. Et le matin, j?ai dit à Pierre que son petit frère était parti se soigner dans une belle maison, chez des gens très gentils, qui prendraient soin de lui. Il n?a pas eu trop de peine, c?était un enfant gai et joyeux, qui oubliait vite les bêtises qu?il faisait.
? Et qu?avez-vous fait ensuite ?
? La nuit suivante, j?ai donné une sépulture à mon bébé. Dans le jardin, derrière la maison. J?y ai planté des rosiers. Ils ont grandi sur sa tombe, ils y sont depuis près de vingt ans maintenant. Vingt ans. J?avais presque oublié, voyez-vous, monsieur. J?ai tellement raconté d?histoires pendant des années, pour que Pierre ne sache pas.
? Quelles histoires ? A qui ?
? Aux voisins, aux gens qui me connaissaient. j?ai dit que j?avais confié Jean à une famille riche qui allait l?élever beaucoup mieux que moi et l?adopterait plus tard. Tout le monde m?a crue, monsieur. J?étais si pauvre à l?époque et sans mari, c?était bien pour l?enfant. Je disais qu?il était petit et qu?il ne se souviendrait pas de sa vraie maman et que c?était mieux comme ça. Je gardais Pierre qui était plus grand?
? Et personne ne s?est jamais douté de rien ?
? Non. Jamais.
? Votre fils non plus ?
? Oh ! non. Il croit encore que son petit frère a été adopté. Il ne s?en souvient même plus. Les enfants oublient vite, vous savez? si vite.
? Mais, quand il vous en parlait, il n?avait pas envie de le connaître ?
? Je lui ai fait comprendre qu?il valait mieux ne pas se revoir, voyez-vous. Je lui ai dit que cela me ferait trop de peine. D?ailleurs j?ignorais où il était. J?avais fini par y croire moi-même, monsieur. Je ne sais pas comment cela a pu se produire, mais mon fils n?était pas mort, il n?était pas dans le jardin, sous les rosiers, il était ailleurs. Je rêvais qu?il vivait dans une belle maison, au milieu des fleurs et des oiseaux, dans un pays lointain. Il y avait la mer autour de lui et le soleil. Il était grand et beau. Je n?étais pas malheureuse. Seulement il y a eu ce papier bleu, avec son nom écrit dessus. Cela m?a fait comme une déchirure.
? Vous deviez bien vous douter qu?un jour, une chose comme cela arriverait ?
? Non. Je n?y pensais pas. Mon fils était vivant ailleurs. Vous comprenez. Mais maintenant !
Le capitaine de gendarmerie est bien ennuyé. La sincérité de cette femme est émouvante, certes, mais il y a la loi. Et la loi veut que l?on déclare la mort de son enfant.
? Je suis désolé, madame, mais il va y avoir une enquête, il va falloir officialiser la chose et vérifier vos dires. Vous avez commis une faute grave en ne déclarant pas le décès. Je dois en avertir le procureur, c?est obligatoire.
? Alors, mon fils va l?apprendre ?
? Malheureusement oui. Mais vous êtes sûre qu?il ne se souvient de rien ? Il n?a jamais fait la relation entre les allumettes et la disparition de son frère ?
? Non, jamais. Je lui ai montré que cela faisait mal, dès le lendemain.
? Comment ?
? Je me suis brûlée moi-même à la main et je lui ai montré, vous voyez, c?est là. J?ai encore la cicatrice.
Maria Van Beck montre la paume de sa main gauche, où une cicatrice de brûlure est nettement visible. Elle termine sa phrase : Il a vu que je pleurais et que j?avais mal pendant plusieurs jours. Il a compris. Et puis il a oublié. Il n?a jamais su qu?il avait tué son frère, monsieur, jamais. Alors voilà, c?est ce que je suis venue vous demander, qu??il ne sache jamais. Il est en Afrique pour cinq ans, il est loin, heureusement.
? Mais c?est pratiquement impossible, madame. Même s?il ne sait pas maintenant, un jour ou l?autre, pour une histoire d?état civil quelconque, il apprendra que son frère est mort à dix-huit mois.
? Je sais. J?y ai réfléchi maintenant. Mais ça ne fait rien, je lui dirai que je lui ai menti pour qu?il n?ait pas de peine. Je lui dirai que son frère est mort d?une maladie. S?il vous plaît, monsieur, si vous faites une enquête, ne lui en parlez pas. Il a vingt-quatre ans maintenant, et un bon métier. Ce serait dur pour lui. Trop dur. Il ne faut pas.
Maria Van Beck est repartie en laissant sur sa chaise quelques pétales de rose jaune, éparpillés. L?enquête a été discrète. Le capitaine s?en est chargé, en vérifiant simplement la sépulture et en prenant des renseignement sur la vie passée et présente de Maria. Une vie de travail et de dévouement. Sans histoire, apparemment. Et Pierre n?en a rien su au fond de la lointaine Afrique.
Et Maria Van Beck ne s?appelle pas Maria Van Beck, par respect pour elle et le petit enfant qui dort sous les rosiers jaunes.


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