Notre pays a signé la Charte contre la torture...des cas isolés défigurent l´image de marque... Les cinq voleurs violentés à la suite d´une séance de torture par neuf policiers de Chéraga, sont devenus, du coup, victimes et poursuivent neuf individus devant le tribunal de Blida. Le juge de la première chambre d´instruction a, bien entendu, fait la part des choses et décidé de mettre sous mandat de dépôt trois policiers et six sous contrôle judiciaire. Les faits remontent au 7 avril 2008, lorsque trois jeunes voleurs avaient été neutralisés dans une opération de vol en flagrant délit. Que s´est-il passé au commissariat? Selon les victimes, une odieuse séance de torture a eu lieu dans une hystérie indescriptible. Certaines victimes ont même dénoncé la sodomie mais les certificats médicaux ne font état que des blessures sur tout le corps sauf à l´endroit où l´on pouvait sodomiser les jeunes, outre l´acte contre nature. Le plus grave, c´est que ces coups et blessures volontaires ont été portés par des policiers dans l´exercice de leur fonction et donc c´est plus que des circonstances aggravantes, ce sont les termes de l´article 263 bis (loi n°04-15 du 10/11/2004 qui dispose: est entendu par torture tout acte par lequel où des souffrances aiguës, physiques ou mentales sont intentionnellement infligées à une personne quel qu´en soit le mobile. En outre, l´article de loi qui vole au secours du magistrat instructeur évoque celui du fonctionnaire qui exerce, provoque, ou ordonne l´exercice d´un acte de torture aux fins d´obtenir des renseignements ou des aveux ou pour tout autre motif. Ce qui est aggravant pour les inculpés en tout état de cause et la peine va de 10 à 20 ans de prison et d´une amende de 150.000 à 800.000DA. Pour revenir aux poursuites, le magistrat instructeur a retenu l´acte contre nature, prenant les certificats médicaux à titre indicatif comme le stipule la loi, mais retenant les concordances qui ont mené droit vers le crime de sodomie par des fonctionnaires de police, d´ailleurs suspendus par leur direction jusqu´au procès qui n´est pas près de se tenir, vu que l´instruction en criminelle va jusqu´à seize mois. C´est malheureux, que malgré toutes les instructions, de ce vaillant corps de sécurité, chapeauté par de non moins vaillants hommes et femmes de la Dgsn, des bévues sont commises par des inconscients, ce qui justifie largement les coups-de-poing épisodiques en vue de purger la Sûreté nationale. Attendons les débats et que justice soit rendue dans la sérénité, loin de tout tapage et autres appels à la vendetta par des parents meurtris et inquiets justement que cette affaire aille jusqu´au bout. C´est méconnaître notre justice, celle qui ne craint personne comme le disait avec beaucoup de force, le regretté procureur général, Tahar Lamara Mahammed, un magistrat comme on n´en fait plus...