«La Télévision ne produit pas de stars. Elle porte momentanément au pinacle de la notoriété des journalistes et des animateurs. Que ces vedettes quittent leur emploi, elles sont vite oubliées.» Bernard Pivot, extrait de Le Métier de lire En observant la Télévision nationale cette semaine, je me suis rendu compte qu´aucun nouvel animateur n´est apparu sur le programme durant les cinq dernières années. Ce sont les mêmes visages qui passent et repassent depuis une décennie sur le petit écran local, rabâchant parfois la même chose à chaque fois et usant des mêmes gestes. Il y a ceux qui s´affirment comme des ténors ou des divas et ceux qui se présentent comme des résidus d´un organigramme dépassé comme son cahier des charges. Il y a la plus ancienne, Soraya Bouamama, la seule héritière d´une télévision unique, qui a assisté aux changements politiques de la télévision, allant du parti unique au pluralisme politique. Une femme aux convictions fortes et au nationalisme indéniable, qui n´a jamais accepté de quitter le pays pour les pays du Golfe, malgré les offres mirobolantes des télévisions arabes. Une femme qui n´a jamais occupé un poste politique ni de responsabilités et qui ne s´est jamais portée candidate dans une liste de députation, a toujours su attendre sa chance avec les joues roses et le sourire large. Il y a Karim Amiti, le cultivé de Canal Algérie, qui passe son temps à lire les livres des autres et à faire écouter les sons du bled, sans jamais accepter les propositions des télévisions communautaires. Bizarrement, c´est à l´intellectuel Karim Amiti à qui on impose la cravate, alors qu´on n´interdit pas à Mahrez Rabia d´ouvrir sa chemise blanche sur le plateau de Bonjour d´Algérie chaque vendredi matin, alors que son micro-cravate ne marche pas. C´est également Linda Tamadrari qui reste indétrônable comme «une reine de la pouffe» de son émission, alors que quatre directeurs de Canal Algérie ont été changés, depuis. Contrairement à Bonjour d´Algérie, Sabah El Kheir n´a pas perdu de sa féminité après le départ d´Afifa et de Zerouati. Par ailleurs, dans les émissions de divertissement, c´est la grande débandade. Si on a fait un grand saut dans la qualité de la mise en scène et le décor, en revanche, en matière d´animation, ce n´est pas la joie et encore moins le changement. Aucune femme n´anime une émission de divertissement, c´est un terrain réservé aux mâles: Sofiane Dani et Nafaâ El Djoundi. Si le premier reste intraitable dans le foot et la musique, il reste, néanmoins, moins convaincant quand il s´agit de culture cérébrale. Il vient d´accorder moins de 10 minutes au grand Slimane Benaïssa, 3 minutes à un joueur de foot égyptien venu se justifier, et surtout 25 minutes à Houari Benchennat pour amuser la galerie. Autant dire que son émission est thakafiyan disproportionnée. Pour ce qui est du second, Nafaâ a été génial sur Akher Kalima, mais tout juste moyen sur Saraha Raha. Son erreur est peut-être de vouloir repasser à l´écran, à tout prix, mais sans vraiment convaincre. Le petit écran algérien a besoin de tête joviale, beau gosse et surtout très avenant qui réussisse à capter le jeune public, la principale cible de ces émissions de divertissement. A cela s´ajoutent d´autres parasites audiovisuels qui ne méritent même pas de passer à l´écran et qui occupent un peu trop souvent l´écran pour rien. [email protected]