Lorsque des membres d´une même famille en arrivent aux mains, le juge ne peut que... prier les parties d´aller au fond des choses... Le brouhaha s´installe déjà, à l´appel de la greffière. Un brouhaha éloquent... «C´est mon cousin maternel et avions tété le même sein, donc nous sommes un peu frères. Je n´ai pas levé la main sur lui et puis il est trop jeune pour moi», dit l´inculpé. «Non, vous lui avez assené un gros coup jusqu´à ce qu´il soit étalé sur le sol. Il s´est relevé avec dix jours d´incapacité», articule Bahia Tabi Allalou, la présidente de la section pénale de Hussein Dey. L´inculpé parle d´un coup pour l´éduquer. «Il a levé la main sur ma mère. Je ne pouvais pas supporter ce spectacle. N´importe qui aurait fait la même chose que moi...» «Vous vous êtes vengé en quelque sorte», remarque Tabi. «Non, je ne me suis pas laissé faire sans mesurer la gravité de mon geste. Je n´ai fait que me défendre sans plus ni moins...» pleurniche la victime qui ne va pas oublier de sitôt l´agression gratuite commise sur sa mère. Le père de la victime trouve bizarre que l´inculpé âgé de trente ans se mesure avec un ado de seize ans. «De retour à la maison, j´ai trouvé mon fils, les yeux hors des orbites. Avec mes pics de tension, je ne pouvais pas supporter ce geste qui n´aurait jamais dû avoir lieu entre cousins.» Le tonton maternel est venu témoigner car présent le jour des faits. Il s´était presque précipité dès que la greffière eut prononcé son nom. Il est presque pressé de liquider ce témoignage. Cela se voit à son allure décidée. Sans serment, il assure qu´ils s´étaient battus avant que le mineur n´insulte la maman de l´inculpé qui a alors giflé, sans trop de violence, le gamin qui a fait le mort. Le tonton jure que l´inculpé avait été fortement insulté avant qu´il ne réagisse, juste de quoi calmer les esprits. Le tonton veut aller loin. Tabi le stoppe net «Répondez seulement aux questions.» Le papa demande cinq millions de centimes à titre de réparations, tout en tournant en rond dans la salle tout près de la barre. Maître Samira Hadj Ali plaide bien pour l´inculpé et intervient sur les faits déjà étalés par le tonton témoin et tente d´apaiser les esprits en rappelant que tout a été dit devant le magistrat instructeur. «C´est un dossier où seul le dialogue pouvait se mettre en valeur et éviter de regrettables situations», conclut-elle. Le pauvre inculpé a le dernier mot. Il va en débiter trente: «Je suis sincèrement désolé pour tout ce qui arrive. Je le déplore encore plus sincèrement madame la présidente, je le jure devant Allah et l´occasion m´est offerte pour m´excuser.» Bahia Tabi est au bord de l´agacement. Elle va annoncer le verdict en fin d´audience, le temps que tout ce beau monde se calme. Il est vrai que la juge n´en est pas à sa première mise en examen ce mercredi mais encore faut-il le rappeler, elle a l´art, cette Bahia Tabi Allalou de laisser passer l´orage avant de décider d´infliger aux inculpés une peine. Et celui-là a eu un an ferme assorti du sursis...