"Fatalité" Nous sommes dans la salle d?audiences du tribunal de Chéraga (Cour de Blida) pour assister à une sombre histoire de violation de domicile et de vol entre cousines frappées par le sort. Elles ont toutes les deux perdu deux êtres chers : l?époux pour Rachida, le papa pour Salima. Meurtrie, cette dernière est poursuivie en justice au même titre que Zine, un ami, pour vol de bijoux. Pourtant, l?inculpée a été bel et bien invitée par Rachida, sa cousine que la détresse, le désespoir, le deuil, la douleur rongeaient. «Qu?est-ce qui vous a poussé à inviter votre cousine ?», demande sans cligner des yeux, Mimaïssa, le juge qui obtient pour toute réponse un banal : «Elle est tout de même ma cousine. Et si maintenant on ne peut plus faire confiance aux proches, où allons-nous ?», marmonne la victime qui trouve cinq secondes pour lancer un sec : «Tu n?as pas honte voleuse et violeuse de domicile, va», (dit en français). Le président profite de cet écart peu permis dans les salles d?audiences pour aborder justement la violation du domicile de la victime. Salima, l?inculpée préfère sortir de sa gibecière une inattendue cartouche : «Je n?ai brisé ni vitres, ni serrure. Je suis repartie car Rachida m?avait fait des propositions indécentes et immorales». Alors-là, le magistrat bat franchement des cils et prie la prévenue de rester dans les deux délits de violation de domicile et de vol. Me Kherbiche, le conseil de Rachida ne tient pas en place et l?intervention du juge le calme plus ou moins. Il fixe l?inculpée, cette belle athlète au corps d?une déesse grecque. Les deux témoins, des écoliers, n?éclairent nullement le tribunal; ils ont vu trois personnes dont une jeune fille tenter d?escalader le mur du domicile de Rachida, Zine, le coinculpé ne dira pas un mot, jusqu?au moment où le président le lui permet : «C?est une pure machination. La victime prétend que Salima m?avait présentée comme un géant immobilier. Je n?ai jamais rôdé dans les parages et les deux très jeunes témoins ont dit n?importe quoi». Le magistrat le stoppe net : «Ce n?est pas à vous d?apprécier les témoignages». Ici, le juge n?a fait qu?appliquer la loi qui veut qu?au cours de l?audience, on ne s?adresse qu?au président, jamais aux parties. D?ailleurs, l?inculpée avait failli répondre à Me Kherbiche lequel s?était élevé contre les assertions avancées à la barre. «Salima n?a jamais déclaré avoir été sollicitée pour des actes vils et ce, par devant la police judiciaire ni le juge d?instruction», a-t-il souligné. Et comme si le juge voulait mettre un terme à cette cacophonie, il inflige sur place, une peine de prison ferme d?un an. Ne reste à Salima que l?appel à Blida, pour le jugement définitif.