Depuis quelques semaines, l´Entv diffuse «sans les annoncer» des documentaires sur la Révolution algérienne. Au total, plus de 15 documentaires seront diffusés durant ces dernières semaines. Mais ce qui a attiré notre attention, c´est bien le documentaire sur l´Emir Abdelkader de Ali Ayadi. Un réalisateur spécialiste pourtant des docs sur la révolution. On lui doit le très intéressant documentaire sur l´OAS, primé à plusieurs reprises en France et ailleurs, ainsi que le doc sur les rescapés du 8-Mai 1945, à retenir malgré quelques maladresses techniques. Mais son dernier documentaire sur l´Emir Abdelkader a été un lamentable ratage audiovisuel. Décrochant une série de trois documentaires sur le fondateur de l´Etat algérien moderne, Ayadi a raté sa première partie. Mais qu´est-ce qui a poussé le meilleur réalisateur de documentaires historiques à la télévision, à rater pitoyablement son oeuvre. D´abord la structure du documentaire. Un doc sans création originale. Les intervenants sont interviewés d´une manière anarchique. Absence notamment d´images ou de photos d´archives de l´époque. Des cadrages ratés, avec notamment des intervenants filmés de profil. Ce qui est déconseillé dans les documentaires. Les témoins de l´histoire doivent intervenir de face. A cela s´ajoutent quelques erreurs d´éclairage. Surexposé ou mal exposé par moment. Le responsable de la fondation l´Emir a été, par exemple, filmé sur un fond vert pour incruster le portrait de l´Emir. Mais la technique est mal maîtrisée, puisque le plan très rapproché du visage a empêché une vision large de l´Emir. A cela s´ajoute la mauvaise qualité du son, prise lors de l´interview. Faute d´images de l´Emir, le réalisateur s´est contenté de filmer des fresques et des dessins parfois mal réalisés. Le réalisateur et producteur pouvaient pourtant «vu le budget accordé» à cette production importante, illustrer l´image de l´Emir avec la silhouette d´un homme sur un cheval, avec comme arrière-plan le coucher du soleil ou un décor naturel, au lieu de montrer des décors morts. Un réalisateur marocain avait fait un excellent portrait sur l´Emir Khettabi sur la même période que l´Emir Abdelkader avec des intervenants marocains et français et quelques reconstitutions chevaleresques de l´Emir marocain, qui ont donné une qualité au film diffusé par Al Jazeera Documentaire. Même chose pour l´excellent documentaire sur La révolte du Sud réalisé par Lotfi Cheriet et Larbi Lakhal et diffusé à plusieurs reprises par la Télévision nationale. Même le commentaire n´a pas suivi. Abdenour Chelouche, connu pour être comédien, ne s´est pas détaché de son rôle. Même critique faite à Adjaïmi qui lisait les commentaires des Français d´une manière très exagérée et peu naturelle. A cela s´ajoute la mauvaise distribution de la musique, puisque le réalisateur passe du classique universel à la gasba puis à une musique traditionnelle algérienne. A la fin, on ne sait pas qui est réellement l´auteur de la musique composée du doc. Par ailleurs, dans un documentaire évoquant des batailles importantes de l´histoire, on n´a présenté aucune carte animée. Enfin Idriss Djazaïri et sa soeur Badiaâ ne sont pas présentés comme les petits-enfants de l´Emir mais seulement comme écrivains ou diplomates. On ignore qui est derrière cette censure volontaire? A-t-on peur de présenter les héritiers d´un émirat lointain? A l´avenir, pour éviter des critiques similaires, l´Entv doit être plus rigoureuse dans la production des documentaires sur l´Histoire. [email protected]