«La moitié d´un ami, c´est la moitié d´un traître.» Victor Hugo, Extrait de La Légende des siècles France 3 a diffusé, hier soir à 20h40, le premier doc d´une série de documentaires consacrés aux dossiers brûlants de la Guerre d´Algérie. Le premier produit est le documentaire de Daniel Costelle et Isabelle Clarke intitulé: «La blessure: la tragédie des harkis». Suite à la publication de notre précédente chronique sur le sujet, un administrateur du site harki et droits de l´homme, nous a écrit pour dénoncer l´amalgame fait sur la programmation de ce documentaire et la sortie en salle du film de Rachid Bouchareb Hors-la-loi. Pour nous convaincre de sa bonne foi et celle des programmateurs de France 3, il précise que ce documentaire a été diffusé du fait que le 25 septembre est la Journée nationale d´hommage aux harkis en France. Connaissant le monde du marketing audiovisuel, je ne pense pas que la date de la sortie de ce doc a été calculée sur la base d´une commémoration. Plusieurs médias français, pas seulement l´Expression, ont d´ailleurs fait le lien entre la sortie de HLL (Hors-la-loi) et la diffusion de ce documentaire. Diffuser un documentaire sur l´histoire encore brûlante des 200.000 harkis - «les supplétifs musulmans» - recrutés par l´armée française durant la Guerre d´Algérie (1954-1962) était en fait une réponse à ce que certains considèrent encore HLL comme un film pro-FLN. Les producteurs de ce doc sont restés sur la ligne politique plutôt droite et ne se sont pas positionnés. Ils ont dénoncé à la fois l´attitude des autorités algériennes et françaises sur le sort de ces bannis de la guerre. Ils présentent les harkis à la fois comme victimes et fidèles serviteurs pour les uns, traîtres et collabos pour les autres. Mais à aucun moment, le documentaire n´offre un éclairage sur les conditions d´enrôlement de ces supplétifs et encore moins sur leurs exactions commises contre la population algérienne. Le plus grand drame des choix politiques des harkis reste leurs enfants et l´image la plus émouvante demeure ce moment où un journaliste demande à un des enfants harkis parqués dans des camps: quel est le pays où il aimerait vivre? l´enfant de harki répond: l´Algérie, car c´est son pays. Le journaliste se tourne vers un autre enfant qui répond le contraire: Je préfère vivre en France, car en Algérie, il y a le FLN. Des années plus tard, ces enfants de harkis devenus des hommes mûrs et responsables contestent, face à la caméra, les choix de leurs pères, accusant la France de ne pas leur avoir donné l´occasion de choisir. Mais le témoignage le plus aberrant dans ce documentaire est celui de Saïd Taghmaoui, comédien français d´origine marocaine, qui n´est impliqué ni de près ni de loin dans cette affaire de harkis et encore moins dans la Guerre d´Algérie, et qui se présente en donneur de leçon politique et historique, en défendant la cause des harkis, comme victimes de la guerre. Ne se contentant pas seulement d´être la voix du documentaire, le comédien s´implique politiquement en déclarant que c´est plus qu´un film, c´est un devoir de participer à ce genre de doc, qui vaut plus qu´un discours dans la Banlieue. Pathétique est l´attitude de Taghmaoui, qui ne connaît rien de la Guerre d´Algérie et qui se présente comme l´envoyé spécial de la communauté algérienne. Mais où était Taghmaoui, quand les enfants de Ghaza se faisaient massacrer au phosphore, quand les jeunes de la Banlieue se faisaient buter comme du gibier? Le héros de la Haine de Kassovitz, devrait rester dans son périmètre géographique et politique et confirmer son statut de Ali Zaouia, et s´occuper plus de la situation des harraga, des enfants victimes du tourisme sexuel au Maroc que de s´occuper des histoires sans fin algéro-françaises. [email protected]