Le documentaire tant attendu, «La Blessure - La tragédie des harkis», de DanielCostelle et Isabelle Clarke, n´a pas tenu ses promesses de débat constructif, occasionnant une perte de la cote de célébrité des réalisateurs à succès de Apocalypse, sur France télévisions. La parole leur a été même enlevée par l´animatrice Béatrice Schönberg, lors du débat qui a suivi la diffusion du documentaire. L´enquête du couple Costelle sur les harkis a été regardée par seulement 1,98 million de Français. L´histoire et le destin des harkis n´ont touché que 7.9% du public présent devant le petit écran, offrant à France 3 la quatrième place des audiences, derrière M6. Le précédent documentaire de DanielCostelle et Isabelle Clarke, Apocalypse, qui a été diffusé sur France 2 était pourtant un succès total battant tous les records. La série de six documentaires de 52 minutes, diffusée en trois fois en prime sur France2, avait fédéré en moyenne 6,4 millions de téléspectateurs, avec un pic à 7,4 millions pour les deux derniers volets. Sorti en DVD dans la foulée, Apocalypse avait dépassé pendant les fêtes les 500.000 exemplaires vendus - un record absolu pour un documentaire. L´échec de la diffusion du documentaire: «La Blessure - La tragédie des harkis», de DanielCostelle et Isabelle Clarke, est la conséquence de plusieurs facteurs. D´abord, la guerre d´Algérie n´intéresse personne en France. Ce doc a été regardé plus en Algérie et dans le Maghreb qu´en France. Ensuite, la ligne éditoriale prônée par les deux producteurs: la réconciliation nationale, n´arrange aucune partie visée dans ce documentaire. Ni les Algériens qui ont combattu et chassé les harkis considérés comme des traîtres, ni les Français qui les ont recrutés et abandonnés à leur sort, considérés non-Français. Encore une fois, les grands perdants de ce documentaire ce sont les harkis, noyés entre les deux rives. Ils l´ont vraiment compris d´ailleurs, lors du débat qui a suivi la diffusion de ce documentaire, par la révolte et la colère de certains harkis et enfants de harkis, invités sur le plateau. Le documentaire accentue la blessure qui est déjà assez profonde et remontre ses images qui donnent honte aux Algériens et aux Français. L´absence de témoins algériens vivant en Algérie a véritablement décrédibilisé ce documentaire aux ambitions objectives. Seul le témoignage de Mohamedi Saïd, venu témoigner de l´authenticité de la lutte contre les harkis, les considérant comme des traîtres, a sauvé la mise. Même si c´est un documentaire français évoquant des corps militaires supplétifs de l´armée française, le FLN n´a pas été présenté comme un mouvement révolutionnaire qui lutte pour l´indépendance de son pays, mais comme un mouvement de rébellion qui vise à déstabiliser un ordre établi. Un documentaire où des tortionnaires harkis sont présentés comme des victimes d´une guerre et des personnages comme le bachagha Boualem et le commandant Georges comme des acteurs-clés de cette guerre. Sur le plan technique aucune image exclusive ne fait la différence. Quelques images et des photos nouvelles ont été rajoutées sans apporter la valeur technique voulue dans ce genre de documentaires. Le documentaire a raté la mission qu´il s´est fixé d´être le 1er jour de la fin de la guerre d´Algérie. Pour la directrice des documentaires de France Télé, Patricia Boutinard-Rouelle, la mission du service public était d´offrir à un large public la recherche d´une vérité sur ceux qui, quoi qu´on en dise, sont encore associés au mot «collabos»: les harkis». La mission a échoué dans sa tentative de réconciliation, entre les deux bords. [email protected]