La Chine est encore loin du documentariste algérien vient, encore une fois, d'être primé dans un festival international. Le réalisateur algérien Malek Bensmaïl vient, encore une fois, de prouver que la règle ne fait pas l'exception. L'auteur du documentaire Aliénations (2004) a obtenu récemment le Prix Spécial du jury lors de la cérémonie de clôture du 15e Festival international du film méditerranéen de Tétouan (Maroc), remis le 4 avril dernier au documentaire La Chine est encore loin. Ce long métrage documentaire a déjà remporté le Prix Spécial du jury au dernier Festival des 3 Continents (Nantes) et le Prix du meilleur documentaire au Festival international du cinéma numérique à Paris. Cependant, il reste peu médiatisé en Algérie, en dépit du fait qu'il ait été financé en partie dans le cadre de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe 2007». En tout et pour tout, il n'aura été projeté qu'une ou deux fois en Algérie. On citera aussi, juste comme exemple, son film Le grand jeu sur la campagne présidentielle de 2004, jamais diffusé. La pertinence des sujets traités et les thèmes forts abordés font que ses documentaires dérangent. Dans La Chine est encore loin, Malek Bensmaïl livre une chronique d'une Algérie profonde dont la Chine, terre symbolique, semble encore lointaine. Le 1er Novembre 1954, près de Ghassira, un petit village perdu dans les Aurès, un couple d'instituteurs français et un caïd algérien sont les premières victimes civiles d'une guerre de huit ans qui mènera à l'Indépendance de l'Algérie. Plus de cinquante ans après, Malek Bensmaïl revient dans ce village chaoui, devenu «le berceau de la révolution algérienne», pour y filmer, au fil des saisons, ses habitants, entre présent et mémoire, mais aussi son école et ses enfants. Cette école sinistrée, comme on dit souvent, est doublement mise en exergue dans ce film, où le temps semble s'être arrêté dans cette bourgade et où un gardien de la mémoire tente désespérément, comme un «fou», de conserver son patrimoine tombé en jachère après le passage du terrorisme et ses séquelles irréversibles. La Chine est encore loin est une coproduction franco-algérienne, représentée par Hachemi Zertal pour Cirta films et Philippe Avril pour Unlimited. Le cinéaste Rachid Bouchareb, qui ne s'est pas trompé sur son choix, est coproducteur et distributeur en France du film. La Chine est encore loin sera en compétition officielle au 9e Festival Documenta à Madrid (Espagne) et au Festival international du film documentaire de Munich (Allemagne), ainsi qu'au 4e Panorama du cinéma du Maghreb à Saint-Denis (France). Le film sortira bientôt simultanément sur les écrans français et algériens est-il par ailleurs annoncé. La Chine est encore loin est lauréat de la Villa Kujoyama à Kyoto pour l'année 2009. Malek Bensmaïl a également développé, en qualité de producteur délégué, un certain nombre de projets et de films comme Nuevo Sacher et Nani Moretti de Cécilia Calvi, Les Travailleurs de la preuve de Bernard Bloch, La Clef des songes et Récit d'invention, récit inventé de François Niney. Né en 1966 à Constantine, d'un célèbre père psychiatre à qui il rend hommage en quelque sorte dans Aliénations, Malek Bensmaïl a, à son actif, plusieurs documentaires à l'image de Algérie(s) (Doc, 80'2003) portant sur la tragédie nationale en deux volets, Plaisirs d'eau (LM Doc 76', 2002) qui met l'accent sur quatre histoires personnelles via une plongée dans les bains du monde, Demokratia (CM 20', 2001), une fable sur la dictature et le pouvoir absolu, Des vacances malgré tout (LM Doc 68', 2000) qui raconte l'histoire d'une famille émigrée, en vacances au pays le temps d'un été, Boudiaf, un espoir assassiné (Doc 60', 1999) narrant les 6 mois d'un président, exilé de son pays depuis 30 ans, avant son assassinat, mais aussi Décibled (Doc 52' 1998) décrivant la nouvelle scène musicale algérienne à travers le portrait de cinq musiciens: Gnawa Amazigh Kateb, Djamel Benyellès, Markunda, Aurès, le Diwan de Béchar et Malik et enfin Territoire(s) - (doc 28', 1996), un essai sur les violences que subissent les Algériens.